Bruno Retailleau : un virage à droite pour le ministère de l'Intérieur

Le 23 septembre 2024, Bruno Retailleau a pris ses fonctions de ministre de l'Intérieur, succédant à Gérald Darmanin. Cette nomination marque un tournant significatif dans la politique d'immigration du gouvernement français.

Lors de la passation de pouvoirs, Retailleau n'a pas mentionné explicitement l'immigration. Cependant, dans un entretien accordé au Figaro le même jour, il a clairement exposé ses objectifs : "mettre un coup d'arrêt aux entrées illégales" et "augmenter les sorties". Plus tard, sur TF1, il a déclaré : "Je pense que l'immigration massive, ça n'est pas une chance pour la France".

Ces déclarations s'inscrivent dans la lignée des positions traditionnelles de la droite française. Retailleau, né le 13 décembre 1960, est connu pour ses positions conservatrices sur les questions sociétales. Membre des Républicains depuis 2015, il a été président du groupe LR au Sénat de 2014 à 2024.

Le nouveau ministre de l'Intérieur a un parcours politique riche. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il a commencé sa carrière comme assistant parlementaire de Philippe de Villiers. Il a ensuite été vice-président du conseil régional des Pays de la Loire de 1998 à 2004, avant d'être élu sénateur de la Vendée en 2004, puis réélu en 2014 et 2020.

Les archives de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) révèlent des déclarations controversées de Retailleau sur l'immigration. En 1997, il affirmait à propos de l'immigration africaine : "ce sont des gens qui n'ont pas la même culture que nous, ce sont des gens qui viennent, non pas pour être Français mais bien souvent pour profiter des droits sociaux". Plus récemment, il a lié "immigration massive" et "ensauvagement de la société française".

Le Premier ministre, Michel Barnier, a annoncé le 22 septembre sur France 2 qu'"il y aura beaucoup plus de rigueur, il y aura des ruptures". Cette déclaration fait écho aux positions défendues par Barnier lors de sa campagne pour la primaire LR en 2021, notamment la suppression de l'aide médicale d'État (AME) et l'instauration d'un "bouclier constitutionnel" pour s'affranchir des règles européennes.

Retailleau a défendu des mesures controversées au sein de LR, certaines contraires à la Constitution, comme l'instauration d'une préférence nationale pour l'accès aux prestations sociales ou la limitation des demandes d'asile aux postes consulaires français à l'étranger.

"Je pense que l'immigration massive, ça n'est pas une chance pour la France"

Cette nomination et ces déclarations marquent un virage à droite dans la politique d'immigration française, suscitant des inquiétudes quant au respect des valeurs républicaines et des engagements internationaux de la France.