Brésil : X toujours bloqué malgré la nomination d'un représentant légal

Le réseau social X reste inaccessible au Brésil. Le juge Alexandre de Moraes maintient la suspension, exigeant des conditions supplémentaires malgré la nomination d'un représentant légal par l'entreprise.

22 septembre 2024, 00:50  •  0 vues

Brésil : X toujours bloqué malgré la nomination d'un représentant légal

Le réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter, demeure inaccessible au Brésil, malgré la nomination d'un représentant légal dans le pays. Cette décision, prise le 21 septembre 2024 par le juge Alexandre de Moraes de la Cour suprême brésilienne, prolonge une suspension initiée en août 2024.

Le juge de Moraes a accordé à X un délai de cinq jours pour soumettre des documents supplémentaires, estimant que l'entreprise n'avait pas encore satisfait à toutes les conditions requises pour lever l'interdiction. Cette situation s'inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la désinformation au Brésil, pays qui compte environ 214 millions d'habitants et où X revendique près de 22 millions d'utilisateurs.

Le conflit entre la justice brésilienne et Elon Musk, propriétaire de X depuis octobre 2022, s'est intensifié après le refus de ce dernier de supprimer des comptes d'extrême droite accusés de propager de fausses informations. Cette confrontation soulève des questions cruciales sur l'équilibre entre la liberté d'expression, garantie par la Constitution brésilienne de 1988, et la nécessité de réguler les contenus en ligne.

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Le 19 septembre 2024, X est redevenu brièvement accessible au Brésil suite à un changement de fournisseur de réseau. Cette action a été perçue par le juge de Moraes comme une tentative délibérée de contourner l'ordre judiciaire, entraînant une amende d'au moins 5 millions de réaux (environ 810 000 euros). X a nié toute intention malveillante, affirmant qu'il s'agissait d'une conséquence involontaire.

La suspension de X a suscité des réactions contrastées dans le paysage politique brésilien. La gauche, soutenant le président Luiz Inacio Lula da Silva, élu pour un troisième mandat en 2022, a salué cette décision. En revanche, l'opposition de droite et l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro l'ont dénoncée comme une forme de censure.

Pour garantir le paiement des amendes, le juge de Moraes a également ordonné le gel des actifs de X et de Starlink, le service d'internet par satellite d'Elon Musk opérant au Brésil depuis 2022, notamment dans les régions reculées de l'Amazonie qui couvre environ 60% du territoire brésilien.

Cette affaire met en lumière les défis auxquels font face les réseaux sociaux dans le plus grand pays d'Amérique latine, où l'accès à Internet est reconnu comme un droit fondamental depuis 2014. Elle souligne également la complexité de la régulation des plateformes numériques dans un pays qui a connu une dictature militaire de 1964 à 1985 et qui cherche à préserver sa démocratie tout en luttant contre la propagation de fausses informations.

"Le juge de Moraes est un dictateur maléfique, un Voldemort."

Elon Musk, propriétaire de X

Cette déclaration controversée d'Elon Musk illustre la tension croissante entre le milliardaire américain et la justice brésilienne, dans un pays qui est aujourd'hui la 9e économie mondiale en termes de PIB nominal et qui a accueilli des événements majeurs comme la Coupe du Monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques en 2016.