Bernard Arnault interdit les contacts avec des médias d'investigation

Le PDG de LVMH a ordonné à ses employés de ne pas parler à certains médias. Les journalistes réagissent, soulignant l'importance de la liberté de la presse et de l'indépendance éditoriale.

23 septembre 2024, 14:43  •  30 vues

Bernard Arnault interdit les contacts avec des médias d'investigation

Il y a un an, le 18 septembre 2023, Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, a émis une directive interne controversée. Cette note, révélée par La Lettre, interdit formellement aux employés du groupe de communiquer avec sept médias d'investigation spécifiques, ainsi qu'avec toute publication similaire existante ou future.

Les médias visés par cette interdiction sont La Lettre, le Canard enchaîné, Mediapart, Glitz Paris, Puck, Miss Tweed et l'Informé. Arnault justifie cette décision en accusant ces publications d'utiliser l'attrait du public pour le luxe afin d'attirer de nouveaux lecteurs de manière sensationnaliste.

Cette directive a suscité une vive réaction de la part des sociétés de journalistes (SDJ), des rédactions et des associations de journalistes. Ces organisations ont exprimé leur solidarité avec les médias ciblés et ont rappelé l'importance cruciale de la liberté de la presse dans une démocratie.

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Il est important de noter que le secteur du luxe, dont LVMH est le leader mondial, représente environ 4% du PIB français. La France est reconnue comme le leader mondial du marché du luxe, avec une histoire remontant au 17e siècle. Le groupe LVMH lui-même possède plus de 70 marques prestigieuses et emploie plus de 150 000 personnes dans le monde.

Les journalistes soulignent que leur mission n'est pas de relayer la communication officielle des entreprises, mais d'informer le public. Cette mission est protégée par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, ainsi que par la loi sur la liberté de la presse de 1881, qui reste un texte fondamental en France.

Les SDJ saluent également le courage des sources qui fournissent des informations cruciales aux journalistes. Elles rappellent que la liberté d'expression des salariés est protégée par le Code du travail français, et que l'obligation de loyauté envers l'employeur ne peut pas priver les employés de leurs droits fondamentaux.

"L'obligation de loyauté à laquelle ils sont tenus ne saurait permettre à leur employeur de les priver de leurs droits fondamentaux en leur interdisant tout contact avec les personnes de leur choix."

La Société des rédacteurs du « Monde »

Il est crucial de noter que la protection des lanceurs d'alerte a été renforcée en France par la loi Sapin II de 2016. De plus, le secret des sources des journalistes est protégé par la loi du 4 janvier 2010, garantissant ainsi l'intégrité du journalisme d'investigation.

Cette controverse soulève des questions importantes sur la concentration des médias en France et l'indépendance journalistique face aux pressions des annonceurs et des actionnaires. Elle met en lumière la nécessité de renforcer les garanties d'indépendance des rédactions pour préserver la qualité et l'intégrité de l'information.

En conclusion, cet incident rappelle l'importance cruciale de la liberté de la presse et du droit à l'information, reconnus comme des droits fondamentaux par la Cour européenne des droits de l'homme. Il souligne également le rôle vital des journalistes d'investigation dans la préservation d'une société démocratique et transparente.