Aux 3G : La fin d'une ère pour le bar lesbien emblématique de Marseille

Après 28 ans d'existence, le célèbre bar lesbien Aux 3G de Marseille fermera ses portes le 5 octobre. Ce lieu historique, créé en 1996, laisse derrière lui un héritage de mixité sociale et de moments mémorables.

29 septembre 2024, 05:01  •  0 vues

Aux 3G : La fin d'une ère pour le bar lesbien emblématique de Marseille

Dans le quartier animé de la Plaine à Marseille, un chapitre important de l'histoire LGBTQ+ française s'apprête à se clore. Aux 3G, l'un des plus anciens bars lesbiens de l'Hexagone, fermera définitivement ses portes le 5 octobre 2024, après 28 ans d'existence. Ce lieu emblématique, né en 1996, a été bien plus qu'un simple bar : il a représenté un espace de liberté, d'échange et de mixité sociale pour la communauté lesbienne et au-delà.

Sylvie Gaume, l'une des fondatrices âgée de 63 ans, se remémore les débuts : "Ce qu'on cherchait, c'était la possibilité d'être entre nous." Avec ses amies Laurence Chanfreau, Dominique Lenfant et Agnès Royon-Lemée, elles ont transformé un ancien entrepôt de fruits en un lieu de vie vibrant. Cette initiative s'inscrivait dans un contexte où le mouvement de libération gay en France prenait de l'ampleur, la dépénalisation de l'homosexualité n'ayant eu lieu qu'en 1982.

Le succès d'Aux 3G fut immédiat. Le bar est rapidement devenu un carrefour d'activités diverses : soirées électorales, débats d'idées, ateliers d'œnologie, concerts et soirées à thème. L'une des fêtes les plus mémorables reste la soirée plage de juillet 1997, où une tonne de sable avait été livrée pour transformer le dancefloor.

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"Ça m'a permis de rencontrer des personnes de milieux très différents."

Dominique Lenfant se souvient :

Cette mixité sociale était rare à l'époque, faisant d'Aux 3G un précurseur. Le bar a accueilli une clientèle diverse, des chirurgiennes aux travailleuses de chantier, créant un espace unique d'échange et de compréhension mutuelle.

Au fil des ans, la popularité d'Aux 3G a dépassé les frontières de Marseille. Des visiteuses venaient d'Aix-en-Provence, de Toulon, mais aussi d'Amérique, d'Australie et même de Syrie pour participer aux festivités. Cette renommée internationale témoigne de l'importance des espaces dédiés à la communauté lesbienne, dans un monde où la visibilité reste un enjeu majeur.

Cependant, ces dernières années ont vu la fréquentation diminuer et le nombre d'adhésions chuter de moitié. Les difficultés financières ont empêché le bar de salarier du personnel, et les bénévoles se sont faits rares. Cette situation reflète les défis auxquels font face de nombreux espaces LGBTQ+ historiques dans un contexte social en évolution.

Anne Vial, une élue ouvertement homosexuelle du Printemps marseillais, exprime sa surprise quant au manque de préparation pour la transmission du bar. Cette fermeture soulève des questions sur l'avenir des espaces lesbiens dans une société où l'acceptation progresse mais où le besoin de lieux sûrs et accueillants persiste.

Alors qu'Aux 3G s'apprête à fermer ses portes, son héritage reste indélébile. Ce bar a été témoin et acteur de nombreuses avancées pour la communauté LGBTQ+ en France, du PACS en 1999 au mariage pour tous en 2013. Il laisse derrière lui des souvenirs précieux et un vide que la communauté lesbienne de Marseille et d'ailleurs ressentira profondément.