Arrestation en Norvège d'un suspect lié au conflit camerounais

La police norvégienne a arrêté un homme soupçonné d'inciter à des crimes contre l'humanité au Cameroun. Cette arrestation marque une première dans le pays scandinave et soulève des questions sur le conflit anglophone camerounais.

26 septembre 2024, 09:03  •  76 vues

Arrestation en Norvège d'un suspect lié au conflit camerounais

La police norvégienne a procédé à une arrestation significative le 24 septembre 2024, appréhendant un homme d'une cinquantaine d'années soupçonné d'incitation à commettre des crimes contre l'humanité au Cameroun. Cette action marque une première pour la Norvège dans le cadre de telles accusations.

Bien que l'identité de l'individu n'ait pas été officiellement confirmée par les autorités norvégiennes, la radio publique camerounaise CRTV a affirmé qu'il s'agissait de Lucas Cho Ayaba, présenté comme un "leader séparatiste". La police criminelle norvégienne (Kripos) a déclaré que le suspect jouerait un rôle central dans le conflit armé en cours au Cameroun.

Ce conflit, qui sévit depuis fin 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, oppose des groupes séparatistes anglophones aux forces gouvernementales. Ces régions, principalement peuplées par la minorité anglophone qui représente environ 20% de la population camerounaise, sont le théâtre de violences qui ont causé plus de 6 000 morts et déplacé plus d'un million de personnes, selon International Crisis Group.

Le Cameroun, pays d'Afrique centrale d'environ 27 millions d'habitants, est officiellement bilingue (français et anglais), mais environ 80% de la population est francophone. Cette division linguistique remonte à l'histoire coloniale du pays, qui a été colonisé par l'Allemagne avant d'être partagé entre la France et le Royaume-Uni après la Première Guerre mondiale.

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Le conflit a éclaté après que le gouvernement du président Paul Biya, au pouvoir depuis plus de 41 ans, a réprimé violemment des manifestations pacifiques d'anglophones qui s'estimaient marginalisés. Les groupes armés séparatistes, comme l'Ambazonia Defense Forces (ADF), affrontent régulièrement l'armée camerounaise et sont accusés d'enlèvements de civils.

Les conséquences humanitaires de ce conflit sont désastreuses. Les civils sont pris en tenaille entre les deux camps et subissent des exactions, selon des ONG internationales et l'ONU. Cette crise s'ajoute aux défis sécuritaires multiples auxquels le Cameroun fait face, notamment la menace de Boko Haram dans le Nord.

Des actions juridiques ont été entreprises pour tenter de mettre fin à l'impunité. Me Emmanuel Nsahlaï, avocat représentant un groupe de victimes, a déposé une plainte aux États-Unis contre Cho Ayaba et l'État norvégien. Il a également demandé une enquête au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en février 2024.

"La Norvège est déterminée à lutter contre l'impunité des auteurs des crimes les plus graves qui affectent la communauté internationale dans son ensemble et coopère étroitement avec la CPI"

Réponse de l'ambassade de Norvège à Washington

Cette arrestation en Norvège pourrait marquer un tournant dans la gestion internationale du conflit camerounais. Elle souligne l'importance croissante accordée à la responsabilité des acteurs non étatiques dans les conflits armés et pourrait encourager d'autres pays à prendre des mesures similaires.

Le Cameroun, malgré ses richesses naturelles et sa diversité culturelle, continue de faire face à des défis majeurs. Le pays abrite une grande diversité ethnique avec plus de 250 groupes et possède l'une des forêts tropicales les plus riches en biodiversité au monde. Cependant, les tensions politiques et sécuritaires persistent, mettant en péril le développement et la stabilité du pays.