Ancien chef des stups acquitté dans une affaire de faux procès-verbal

François Thierry, ex-patron de l'OCRTIS, a été acquitté dans une affaire de garde à vue irrégulière d'un indicateur en 2012. Le tribunal a jugé qu'il n'y avait pas d'intention frauduleuse malgré une procédure non conforme.

27 septembre 2024, 16:01  •  373 vues

Ancien chef des stups acquitté dans une affaire de faux procès-verbal

L'ancien directeur de l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), François Thierry, a été acquitté le 27 septembre 2024 par la cour criminelle du Rhône. Cette décision intervient dans le cadre d'une affaire remontant à avril 2012, impliquant la garde à vue d'un informateur lié au trafic de drogue.

L'OCRTIS, créé en 1953, joue un rôle crucial dans la lutte contre le trafic de stupéfiants en France, un pays qui détient le triste record de la plus forte consommation de cannabis en Europe. Le trafic de drogues représente environ 3 milliards d'euros annuellement sur le territoire français, avec le cannabis constituant près de 80% des saisies.

Le président de la cour, Eric Chalbos, a déclaré que bien que la procédure ait été "irrégulière", il n'y avait "pas d'intention frauduleuse" de la part de François Thierry. Cette décision va à l'encontre des réquisitions de l'avocat général Vincent Auger, qui avait demandé une peine de quatre ans de prison avec sursis, qualifiant l'affaire de "catastrophe policière et juridique".

L'affaire concernait l'extraction de prison de Sophiane Hambli, un important trafiquant devenu informateur, pour surveiller une livraison de six tonnes de résine de cannabis sur une plage espagnole. Cette opération s'inscrivait dans le cadre des "livraisons surveillées", une pratique autorisée par la loi française depuis 1991 pour démanteler les réseaux de distribution.

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Il est important de noter que l'Espagne est une porte d'entrée majeure pour le cannabis en Europe, et que la France collabore étroitement avec Europol pour lutter contre le trafic international de stupéfiants. Le taux d'élucidation des affaires de trafic de stupéfiants en France atteint environ 90%, malgré l'existence de plus de 3000 points de deal identifiés sur le territoire.

Lors du procès, François Thierry, aujourd'hui responsable de la stratégie numérique de la police nationale, a reconnu les faits tout en affirmant n'avoir jamais eu "l'impression de faire un faux". Cette stratégie numérique inclut désormais l'utilisation de l'intelligence artificielle pour améliorer l'efficacité des opérations policières.

L'acquittement de François Thierry soulève des questions sur les pratiques policières et l'utilisation d'informateurs dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le système d'indicateurs de police, existant en France depuis le XIXe siècle, reste un outil controversé mais jugé nécessaire par de nombreux professionnels de la sécurité.

Cette affaire met en lumière les défis auxquels font face les forces de l'ordre dans leur combat contre le trafic de drogues, un domaine où la peine maximale peut atteindre 30 ans de réclusion. Avec un budget annuel dépassant les 10 milliards d'euros et environ 150 000 agents, la police nationale française continue de s'adapter aux évolutions du crime organisé.

"Je n'ai jamais eu l'impression de faire un faux."

François Thierry, à l'énoncé du jugement

L'issue de ce procès pourrait avoir des implications sur la manière dont les opérations anti-drogue sont menées à l'avenir, dans un contexte où la France cherche à renforcer son arsenal juridique et opérationnel contre le trafic de stupéfiants.