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Yanick Lahens : La résilience culturelle face à la violence à Port-au-Prince

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L'écrivaine Yanick Lahens évoque la situation sécuritaire à Port-au-Prince et son impact sur la vie culturelle. Malgré les défis, les centres culturels restent essentiels pour la jeunesse haïtienne.

Dans un jardin luxuriant du centre culturel Brésil-Haïti à Pétion-Ville, Yanick Lahens, éminente romancière haïtienne, se réunit avec les dirigeants de l'association culturelle Araka. Cette rencontre, qui se déroule le 16 juillet 2024, illustre la résilience de la scène culturelle haïtienne face à l'adversité.

Yanick Lahens, lauréate du prix Femina en 2014 pour son roman "Bain de lune", aborde sans détour la situation sécuritaire préoccupante de Port-au-Prince. "Port-au-Prince est devenue inhabitable", déplore l'autrice de 70 ans. La capitale haïtienne, première république noire indépendante du monde depuis 1804, est aujourd'hui en proie à une violence endémique, avec 80% de son territoire sous le contrôle de gangs.

La détérioration de la sécurité a eu un impact dévastateur sur la vie culturelle de la ville. Le centre culturel Araka, situé dans un quartier sensible, a été vandalisé en mars 2024 et reste inaccessible depuis. Yanick Lahens souligne l'importance cruciale de ces espaces : "Quand un centre culturel disparaît, c'est toujours tragique".

Malgré ces défis, l'importance de la culture reste primordiale. Roberto Déjean, vice-coordinateur d'Araka, décrit le centre comme "une oasis dans le désert". Il évoque le parcours inspirant de Jean D'Amérique, poète et dramaturge de 29 ans, qui a découvert sa passion pour l'écriture dans les ateliers d'Araka avant de recevoir le prix Heredia de l'Académie française en 2022.

La situation à Port-au-Prince reflète les défis plus larges auxquels Haïti est confronté. Avec un taux d'alphabétisation d'environ 61%, l'un des plus bas de la région, et une insécurité alimentaire touchant près de la moitié de la population, le pays lutte sur plusieurs fronts. Cependant, la richesse de la culture haïtienne, de sa littérature à sa musique en passant par son art naïf reconnu internationalement, reste une source de fierté et de résilience.

Yanick Lahens insiste sur le rôle vital des activités culturelles : "De telles activités permettent aux gens de se détourner de la violence". Cette perspective est particulièrement pertinente dans un pays où la jeunesse est confrontée à des défis considérables, notamment le chômage et la pauvreté.

Malgré la fermeture de nombreux centres culturels, dont la prestigieuse Fondation Connaissance et Liberté (Fokal), le besoin de rassemblement et d'expression culturelle persiste. La résilience de la communauté culturelle haïtienne, incarnée par des figures comme Yanick Lahens, témoigne de la force de l'esprit créatif face à l'adversité.

"Les gens ont besoin de se réunir"

Yanick Lahens

Cette déclaration de Yanick Lahens résume l'importance continue de la culture dans la société haïtienne, même en ces temps difficiles. Alors que Port-au-Prince lutte contre la violence, la culture reste un phare d'espoir et un moyen de préserver l'identité et la dignité du peuple haïtien.

Verney Austin