La vente d'Opella, la filiale santé grand public de Sanofi, continue de faire l'actualité dans le monde pharmaceutique français. Alors que le laboratoire Servier a récemment abandonné son projet de cession de Biogaran, l'attention se porte désormais sur l'avenir du célèbre Doliprane et des autres produits d'Opella.
Sanofi, entreprise pharmaceutique française fondée en 1973 et présente dans plus de 100 pays, avait annoncé en octobre 2023 son intention de se séparer d'Opella. Cette filiale, créée en 2021, regroupe une centaine de produits vendus mondialement, dont le Doliprane, le Lysopaïne, le Maalox, le Dulcolax et le Novanuit. Avec un chiffre d'affaires avoisinant les 5,2 milliards d'euros, Opella a suscité un vif intérêt chez les investisseurs.
Après le retrait du fonds d'investissement Advent cet été, deux candidats principaux restent en lice pour l'acquisition d'Opella. Le premier est le fonds d'investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD & R), fondé en 1978. Connu en France pour ses participations dans des entreprises telles que Conforama, Rexel et le groupe d'ingénierie Spie, CD & R ambitionne de transformer Opella en un champion français du secteur de la santé grand public. Avec une levée de fonds de 26 milliards de dollars en 2023, CD & R dispose de solides capacités financières pour présenter une offre d'acquisition sans partenariat.
Le second candidat est le fonds d'investissement français PAI Partners, créé en 1872. Bien que moins doté financièrement que son concurrent américain, PAI Partners bénéficie d'un fort ancrage local, avec la moitié de ses transactions concernant la France. Son portefeuille inclut des marques comme Tropicana, Häagen-Dazs, Interflora et Grand Frais. Pour renforcer son offre, PAI Partners envisagerait de s'associer à des fonds émiratis et singapouriens.
Le gouvernement français suit attentivement cette transaction, en raison de son importance stratégique. Bien qu'Opella ne compte que quatre médicaments considérés comme stratégiques, contrairement à Biogaran dont l'ensemble du portefeuille était concerné, la cession du Doliprane, médicament le plus consommé en France en volume, revêt une importance symbolique particulière.
Il est intéressant de noter que le Doliprane, à base de paracétamol découvert en 1877 par Harmon Northrop Morse, est devenu un produit emblématique de la pharmacie française. Son éventuel passage sous pavillon étranger soulève des questions de souveraineté sanitaire, bien que moins sensibles que dans le cas de Biogaran, laboratoire spécialisé dans les médicaments génériques.
Les candidats avaient jusqu'au 23 septembre 2024 pour déposer leurs offres fermes d'acquisition. L'issue de cette vente aura des implications importantes non seulement pour l'industrie pharmaceutique française, mais aussi pour l'accès des consommateurs à des médicaments essentiels comme le Doliprane, le Maalox pour les brûlures d'estomac, ou encore le Lysopaïne pour les maux de gorge.