Dans son dernier roman, "Il neige sur le pianiste", Claudie Hunzinger tisse un récit enchanteur qui mêle habilement la nature sauvage et la musique classique. L'histoire se déroule dans une maison isolée, nichée au cœur des forêts vosgiennes centenaires, un cadre qui rappelle la richesse de la biodiversité de cette région montagneuse du nord-est de la France.
La narratrice, une romancière âgée, se retrouve en compagnie de deux invités inattendus : un renard roux blessé et un pianiste apatride de renommée internationale. Cette situation évoque les contes traditionnels où les animaux sont souvent dotés de pouvoirs magiques, créant ainsi une atmosphère mystérieuse et envoûtante.
Le titre du roman fait écho au film de François Truffaut, "Tirez sur le pianiste", sorti il y a 65 ans. Cette référence cinématographique ajoute une dimension culturelle à l'œuvre, rappelant l'influence durable de la Nouvelle Vague française sur la littérature contemporaine.
L'auteure place son récit sous l'égide de "Tristram Shandy" de Laurence Sterne, un roman expérimental du 18e siècle connu pour ses digressions et son style non conventionnel. Cette inspiration se reflète dans la structure narrative libre et les réflexions de la narratrice, amatrice de Jean-Sébastien Bach, considéré comme l'un des plus grands compositeurs de tous les temps.
Le pianiste, décrit comme "un Robert Walser glamour sans le faire exprès", apporte une touche de sensualité et de virtuosité à l'histoire. La présence d'un piano Steinway, marque fondée il y a 171 ans, souligne l'importance de la musique dans le récit. Les lecteurs peuvent presque entendre les mélodies s'échapper des pages, rappelant que les pianistes professionnels consacrent souvent plusieurs heures par jour à leur art.
Le renard blessé, quant à lui, symbolise le lien profond entre l'homme et la nature, un thème récurrent dans la littérature française contemporaine. L'animal, connu pour son adaptabilité et son intelligence, trace "un cercle magique" autour de la maison, annonçant une nouvelle histoire empreinte de magie.
Claudie Hunzinger reconnaît les similitudes avec son précédent roman, "Un chien à ma table", publié il y a deux ans. Cette auto-référence montre la cohérence de son univers littéraire, où les animaux jouent souvent un rôle central, presque angélique.
Le concept d'apatridie du pianiste ajoute une dimension sociale et politique au récit, reflétant les préoccupations de la littérature moderne. Cette rencontre improbable entre une romancière, un musicien sans patrie et un renard blessé crée un microcosme fascinant, où la diégèse, l'univers spatio-temporel du récit, prend une importance particulière.
En conclusion, "Il neige sur le pianiste" s'annonce comme une œuvre singulière, mêlant habilement les thèmes de la nature, de la musique et des rencontres inattendues. Claudie Hunzinger invite ses lecteurs à un voyage sentimental unique, où la réalité et la magie se côtoient dans un paysage hivernal enchanteur.
"Ce renard arrivé un soir dans ma vie était devenu très important sans que j'y prenne garde. Je m'étais dit, je lui ferais une belle place. Encore un animal, tant pis. Je n'avais pas oublié qu'il avait tracé autour de la maison quelque chose comme un cercle magique m'annonçant une nouvelle histoire. Magique, vraiment ? Oui."
Cette citation illustre parfaitement la manière dont l'auteure entrelace le réel et l'imaginaire, créant un univers littéraire unique où les animaux et la nature jouent un rôle central dans la narration.