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Tunisie : Débat houleux sur la réforme électorale à l'approche du scrutin présidentiel

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Le Parlement tunisien examine une révision controversée de la loi électorale, suscitant des critiques de la société civile. Cette réforme intervient à quelques jours de l'élection présidentielle du 6 octobre.

Le 27 septembre 2024, le Parlement tunisien se réunit pour débattre d'un projet de révision de la loi électorale, suscitant de vives inquiétudes au sein de la société civile. Cette initiative, survenant à peine dix jours avant l'élection présidentielle prévue le 6 octobre, est perçue par de nombreux observateurs comme une tentative de modifier les règles du jeu à la dernière minute.

Le projet de loi vise à transférer la compétence d'arbitrage des contentieux électoraux du tribunal administratif à la cour d'appel. Cette proposition intervient dans un contexte tendu, marqué par des controverses sur l'exclusion et la réintégration de candidats à la présidentielle.

L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a publié une liste "définitive" de candidats le 2 septembre, excluant plusieurs figures politiques considérées comme des rivaux sérieux du président sortant Kaïs Saïed. Parmi eux, Mondher Zenaïdi, Abdellatif Mekki, et Imed Daïmi, qui avaient été réintégrés fin août par le tribunal administratif.

La société civile et des organisations internationales ont vivement critiqué le processus électoral, remettant en question l'indépendance de l'ISIE et dénonçant un système "faussé en faveur de M. Saïed". Ces critiques s'inscrivent dans un contexte plus large de préoccupations concernant l'état de la démocratie en Tunisie depuis le "coup de force" de Kaïs Saïed à l'été 2021.

Des manifestations ont éclaté près du Parlement, avec des slogans tels que "Liberté, liberté" et "Dégage, dégage" adressés au président Saïed. Wissam Sghaier, porte-parole du parti Al Jomhouri, a qualifié ces changements de "crime politique", reflétant les inquiétudes croissantes quant à la direction politique du pays.

Il est important de noter que la Tunisie, berceau du Printemps arabe en 2010-2011, a une histoire riche en matière de progrès démocratiques et sociaux dans le monde arabe. Le pays a été pionnier dans de nombreux domaines, notamment l'abolition de l'esclavage en 1846, l'introduction du suffrage universel en 1959, et la légalisation de l'avortement.

"C'est un crime politique qui ne fait que confirmer l'abus et la répression dans le pays."

Wissam Sghaier, porte-parole du parti Al Jomhouri

La situation actuelle soulève des questions sur l'avenir de la démocratie tunisienne, qui a longtemps été considérée comme un modèle dans la région. Alors que le pays se prépare pour cette élection cruciale, l'attention internationale reste focalisée sur la manière dont la Tunisie naviguera à travers ces défis politiques et institutionnels.

Angelique Labbé

Politique