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Shigeru Ishiba propose une OTAN asiatique, tensions avec la Chine

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Shigeru Ishiba, nouveau président du PLD, envisage une alliance de sécurité asiatique. Cette proposition intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le Japon et la Chine.

Shigeru Ishiba, récemment élu président du Parti libéral-démocrate (PLD) le 27 septembre 2024, est sur le point de devenir Premier ministre du Japon le 1er octobre. Sa proposition de créer une "OTAN asiatique" suscite l'attention et pourrait exacerber les tensions déjà existantes avec la Chine.

Le PLD, parti dominant au Japon depuis sa fondation en 1955, voit en Ishiba un leader prêt à redéfinir la politique de sécurité du pays. Sa vision d'un "mécanisme de sécurité collective en Asie" s'inspire de l'OTAN, alliance militaire occidentale fondée en 1949 pour contrer l'Union soviétique.

Ishiba compare la menace russe en Ukraine à celle que la Chine fait peser sur Taïwan, île autonome considérée par Pékin comme une province sécessionniste. Il a déclaré : "S'il y a une urgence à Taïwan, il y a une urgence au Japon", soulignant l'interconnexion des enjeux sécuritaires régionaux.

Bien que favorable au dialogue avec la Chine, Ishiba s'inquiète du développement militaire chinois et du rapprochement entre la Russie et la Corée du Nord. Il remet en question l'efficacité de la dissuasion élargie américaine dans la région, concept qui fait référence à la protection nucléaire offerte par les États-Unis à leurs alliés.

Sa proposition d'alliance asiatique viserait à combiner les cadres de sécurité existants, notamment les alliances américano-japonaise et américano-sud-coréenne. Ishiba souhaite également rééquilibrer la relation avec les États-Unis, permettant aux troupes japonaises de stationner sur le sol américain.

Un point crucial de son programme est la révision de la Constitution pacifiste japonaise, adoptée en 1947, pour reconnaître pleinement l'existence des Forces japonaises d'autodéfense, créées en 1954.

La réaction de Pékin à l'élection d'Ishiba a été mesurée, appelant à une attitude "positive et rationnelle". Cependant, les tensions récentes entre les deux pays sont palpables. Le 18 septembre 2024, anniversaire de l'incident de 1931 qui a conduit à l'invasion japonaise de la Mandchourie, le porte-avions chinois Liaoning a transité près des îles japonaises de Yonaguni et d'Iriomote. Le même jour, un élève japonais a été tué à Shenzhen, en Chine.

La ministre des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, a demandé à son homologue chinois d'assurer la sécurité des ressortissants japonais et de lutter contre la haine anti-japonaise sur les réseaux sociaux.

Le 25 septembre 2024, un navire japonais a traversé le détroit de Taïwan, une première depuis la création des Forces japonaises d'autodéfense en 1954. Pékin a qualifié cet acte de "provocation".

Ces événements s'inscrivent dans un contexte plus large de tensions régionales, incluant des disputes territoriales comme celle concernant les îles Senkaku/Diaoyu, et l'augmentation des dépenses de défense japonaises face aux menaces croissantes.

La proposition d'Ishiba pour une OTAN asiatique reflète la volonté du Japon de jouer un rôle plus actif dans la sécurité régionale, tout en naviguant dans les eaux complexes des relations sino-japonaises, marquées par des périodes de tension et de rapprochement.

Nicolette Mathieu

Politique