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Procès de Mazan : Un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles

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Le procès des viols de Mazan marque un moment crucial dans la lutte contre les violences sexuelles en France. Avec près de 50 accusés, il révèle l'évolution des mentalités depuis les années 1970 et l'impact du mouvement #MeToo.

Le procès des viols de Mazan, qui devrait durer plusieurs mois, revêt une importance symbolique considérable dans la lutte contre les violences sexuelles en France. Avec près de cinquante accusés, ce procès met en lumière un mode opératoire particulièrement choquant : des viols par soumission chimique organisés par un mari sur sa femme.

Ce procès rappelle celui d'Aix-en-Provence en 1978, il y a 46 ans, qui avait permis à l'avocate Gisèle Halimi de faire reconnaître le viol comme un crime. Cependant, une différence majeure existe aujourd'hui : le mouvement #MeToo, lancé en 2006 par Tarana Burke, qui a profondément changé la perception sociétale des violences sexuelles.

L'évolution des mentalités depuis les années 1970 est frappante. À l'époque, le déni du viol était répandu, et les victimes devaient lutter pour être entendues. Aujourd'hui, la qualification de viol est posée d'emblée, et une juridiction spécifique, la cour criminelle départementale créée en 2019, est dédiée aux affaires de mœurs.

Le système judiciaire français joue un rôle crucial dans le traitement de ces affaires. Les victimes peuvent se constituer partie civile, ce qui n'est pas le cas dans de nombreux pays. Cette particularité permet à toutes les voix de se faire entendre, expliquant la durée prolongée du procès.

Il est important de noter que seules 10% des victimes de viol portent plainte en France, et le taux de condamnation est d'environ 10%. Ces chiffres soulignent l'importance de procès comme celui de Mazan pour encourager les victimes à s'exprimer et à chercher justice.

Le traitement médiatique de ce procès diffère de la réalité judiciaire. Alors que la presse décrit les accusés comme des hommes "ordinaires", le tribunal les juge individuellement, présumés innocents et défendus par leurs avocats. Cette approche est cruciale pour les parties civiles, car elle permet de briser la relation de soumission et de réhumaniser tant les victimes que les accusés.

"Le viol est un crime. Il faut qu'il soit jugé comme tel."

Gisèle Halimi, avocate et militante féministe

Ce procès s'inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les violences sexuelles en France. Depuis la loi de 1980 reconnaissant le viol comme un crime, de nombreuses avancées ont été réalisées, notamment la reconnaissance du viol conjugal en 1990 et la loi Schiappa de 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

En conclusion, le procès de Mazan représente un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles en France. Il met en lumière l'évolution des mentalités, l'importance du système judiciaire et le long chemin qui reste à parcourir pour protéger les victimes et prévenir ces crimes.

Mercer Bergeron