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Procès à Marseille : la fraude électorale de 2020 dévoilée

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Un procès à Marseille révèle une vaste fraude électorale lors des municipales de 2020. 13 prévenus, dont d'anciens maires, sont jugés pour 194 procurations illégales, impliquant fonctionnaires et politiciens locaux.

Le tribunal correctionnel de Marseille, deuxième plus grande ville de France, examine depuis le 23 septembre 2024 une affaire de fraude électorale qui a secoué la cité phocéenne lors des élections municipales de 2020. Ce procès, qui devrait se terminer le 27 septembre, met en lumière les coulisses d'une campagne entachée par des manœuvres frauduleuses dans deux bastions du parti Les Républicains.

Treize personnes, dont Julien Ravier et Yves Moraine, anciens maires de secteur, sont accusées d'avoir orchestré la création de 194 procurations illégales. Cette affaire illustre la complexité du système électoral français, où le vote par procuration, instauré en 1975, peut être détourné à des fins frauduleuses.

Les témoignages révèlent un mécanisme bien rodé impliquant des fonctionnaires municipaux, des responsables associatifs et même un commandant de police. Deux secrétaires de mairie, Joëlle Di Quirico et Valérie Deconi, auraient fabriqué ces procurations de toutes pièces, utilisant les noms de mandants et de mandataires choisis stratégiquement.

"C'est légal, ça s'est toujours fait en mairie"

Joëlle Di Quirico, secrétaire de mairie et colistière de Julien Ravier

Cette déclaration troublante souligne la banalisation de ces pratiques illégales au sein de certaines administrations locales.

L'affaire s'inscrit dans un contexte politique tendu, avec en toile de fond la campagne de Martine Vassal, actuelle présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence et du département des Bouches-du-Rhône. La création de cette métropole en 2016 a modifié le paysage politique local, intensifiant peut-être la pression sur les acteurs impliqués.

Il est important de noter que la fraude électorale n'est pas un phénomène nouveau. Existant depuis l'Antiquité, elle continue de menacer l'intégrité des processus démocratiques. En France, la justice traite en moyenne 300 à 400 cas de fraude électorale par an, ce qui souligne l'importance de ce procès marseillais.

Le procès met également en lumière les motivations des participants à cette fraude. Certains auraient agi en échange de promesses de postes de vacataires ou d'aide pour l'obtention de logements sociaux, illustrant les enjeux sociaux qui peuvent sous-tendre ces pratiques illégales.

L'absence de certains prévenus clés, comme l'ancien commandant de police Roland Chervet et Richard Omiros, ex-directeur de cabinet de Julien Ravier, tous deux hospitalisés, ajoute une dimension complexe à cette affaire. Leur état de santé soulève des questions sur les conséquences psychologiques de telles pratiques frauduleuses sur les individus impliqués.

Ce procès intervient dans un contexte où le vote par procuration a été facilité depuis la crise sanitaire de COVID-19, qui a perturbé le déroulement des élections municipales de 2020. Cette simplification, bien que nécessaire, pourrait potentiellement accroître les risques de fraude à l'avenir.

En conclusion, cette affaire marseillaise met en lumière les défis persistants de l'intégrité électorale en France. Elle souligne la nécessité d'une vigilance accrue et d'une réforme potentielle des systèmes de vote pour garantir la transparence et la légitimité des processus démocratiques.

Nicolette Mathieu

Politique