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Possible procès d'un policier pour l'éborgnement d'un "gilet jaune"

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Le parquet de Paris requiert un procès pour un policier accusé d'avoir éborgné Jérôme Rodrigues, figure des "gilets jaunes", en 2019. L'affaire soulève des questions sur l'usage de la force lors des manifestations.

Le parquet de Paris a récemment requis un procès pour un policier soupçonné d'avoir éborgné Jérôme Rodrigues, une figure emblématique du mouvement des "gilets jaunes", lors d'une manifestation à Paris il y a plus de cinq ans. Cette affaire pourrait marquer un tournant dans le traitement judiciaire des blessures graves survenues lors de ces manifestations qui ont secoué la France.

L'incident s'est produit le 26 janvier 2019, lors de l'acte XI des "gilets jaunes", sur la place de la Bastille à Paris. Ce lieu historique, théâtre de nombreuses manifestations au fil des siècles, a été le cadre d'une confrontation qui a conduit à la blessure grave de Rodrigues. Le mouvement des "gilets jaunes", qui avait débuté en novembre 2018, en était alors à son onzième samedi consécutif de mobilisation.

Selon les informations disponibles, le policier, identifié comme Brice C., est accusé d'avoir utilisé une grenade de désencerclement, causant la mutilation de Rodrigues. Un second policier, Baptiste R., est également mis en cause pour avoir blessé un ami de Rodrigues à la jambe avec un tir de Lanceur de Balles de Défense (LBD). Ces deux armes, bien que considérées comme non létales, ont fait l'objet de nombreuses controverses quant à leur utilisation dans le cadre du maintien de l'ordre.

L'enquête menée conjointement par l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et un magistrat instructeur a permis de clarifier les responsabilités, initialement confuses en raison de la simultanéité des tirs. L'utilisation de vidéos amateurs et de caméras de sécurité a joué un rôle crucial dans cette clarification, soulignant l'importance croissante de ces sources dans les enquêtes sur les violences policières.

"C'est désormais l'heure des comptes. Ils vont devoir être rendus par Laurent Nuñez, par les syndicats de police, par la Place Beauvau et par Emmanuel Macron qui sont responsables des victimes du maintien de l'ordre."

Me Arié Alimi, avocat de Jérôme Rodrigues

L'avocat de Rodrigues considère que son client a été victime d'un "harcèlement policier permanent" pour avoir contesté une politique de précarisation. De son côté, l'avocat du policier maintient que son client a agi en état de légitime défense, un concept juridique souvent invoqué dans ce type d'affaires.

Le réquisitoire du parquet souligne les conditions difficiles dans lesquelles les policiers sont intervenus ce jour-là, tout en notant un manque de formation spécifique au maintien de l'ordre. Cette observation fait écho aux critiques émises par diverses organisations, dont le Défenseur des droits, sur la formation et les méthodes de maintien de l'ordre en France.

Il est important de noter que cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de remise en question des pratiques de maintien de l'ordre en France. Le mouvement des "gilets jaunes" a été marqué par de nombreux cas de blessures graves, conduisant à des débats sur l'usage proportionné de la force et sur la nécessité de réformer les méthodes d'intervention policière.

La décision finale sur la tenue d'un procès revient maintenant au juge d'instruction. Si un procès a lieu, il pourrait se dérouler devant la cour criminelle, une juridiction créée en 2019 pour juger certains crimes. Cette affaire pourrait ainsi devenir un cas emblématique dans le traitement judiciaire des violences policières en France.

Angelique Labbé

Politique