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Percée majeure : ADN de fromage vieux de 3500 ans extrait en Chine

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Des chercheurs chinois ont réussi à extraire l'ADN des plus anciens résidus de produits laitiers jamais découverts, datant de 3500 ans. Cette avancée révolutionne notre compréhension de l'histoire du fromage et du kéfir.

Une équipe de scientifiques chinois a réalisé une avancée remarquable dans l'étude de l'histoire alimentaire en extrayant l'ADN des plus anciens résidus de produits laitiers jamais découverts. Ces échantillons, vieux d'environ 3500 ans, proviennent du cimetière de Xiaohe, situé dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine.

Le cimetière de Xiaohe, découvert au début du XXe siècle, est un site archéologique exceptionnel. Les fouilles menées au début du XXIe siècle ont révélé environ 300 sépultures datant de l'âge du bronze, entre 1576 et 1276 avant notre ère. Parmi les nombreux artefacts découverts, de petits objets ressemblant à des cailloux ont particulièrement intrigué les chercheurs.

En 2014, une première analyse des protéines a révélé que ces "cailloux" étaient en réalité des résidus de produits laitiers. La présence conjointe de bactéries et de levures spécifiques a permis d'identifier la signature du kéfir, une méthode de fermentation utilisée depuis des millénaires pour préparer des boissons lactées et à base de fruits.

L'extraction de l'ADN de ces échantillons anciens représente un véritable exploit technologique. Qiaomei Fu, responsable du laboratoire d'ADN ancien à l'Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie de l'Académie des sciences chinoises, et son équipe ont développé des outils spécialisés pour isoler le code génétique des micro-organismes présents dans ces résidus lactés altérés.

Cette découverte offre des informations précieuses sur la propagation des pratiques alimentaires et l'évolution de la composition des grains de kéfir. Le Xinjiang, carrefour important sur la Route de la Soie, a joué un rôle crucial dans les échanges culturels et culinaires entre l'Est et l'Ouest.

L'analyse de ces résidus laitiers anciens permet également de mieux comprendre l'histoire de la domestication des animaux laitiers et son impact sur le développement de l'agriculture. La fermentation lactique, une méthode de conservation alimentaire ancienne, a joué un rôle essentiel dans l'évolution des pratiques culinaires.

Le climat aride du Xinjiang, notamment dans le désert de Taklamakan, a contribué à la préservation exceptionnelle de ces artefacts. Cette région, la plus grande subdivision administrative de Chine en termes de superficie, abrite une diversité culturelle unique, avec les Ouïghours comme groupe ethnique majoritaire.

Les résultats de cette étude, publiés dans la revue Cell le 25 septembre 2024, promettent de susciter un vif intérêt tant chez les paléontologues que chez les spécialistes de l'alimentation. Cette avancée dans l'archéologie moléculaire ouvre de nouvelles perspectives pour l'étude des régimes alimentaires passés et des migrations humaines.

"Un véritable exploit technologique"

Christophe Lavelle, biophysicien et chercheur au Muséum national d'histoire naturelle à Paris

Cette découverte révolutionnaire illustre les progrès constants dans les techniques d'extraction d'ADN ancien et souligne l'importance de l'étude des pratiques alimentaires anciennes pour comprendre notre histoire collective.

Verney Austin