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Panique à Conakry : tirs mystérieux et tensions politiques en Guinée

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Des tirs dans le centre de Conakry ont semé la panique. L'incident révèle les tensions au sein du régime militaire guinéen, trois ans après le coup d'État, dans un contexte de répression croissante.

Le 26 septembre 2024, la capitale guinéenne Conakry a été le théâtre d'un incident troublant. Des tirs ont retenti dans le quartier de Kaloum, centre névralgique de la ville abritant le palais présidentiel et plusieurs ministères. Cet événement a provoqué une panique générale, vidant rapidement les rues habituellement animées de la presqu'île.

Les forces spéciales, lourdement armées, ont ordonné l'évacuation de la zone, entraînant d'importants embouteillages dans les artères menant au nord de la ville. Cet incident soulève de nombreuses questions dans un pays dirigé par la junte militaire du général Mamadi Doumbouya depuis le coup d'État de 2021.

Plusieurs explications circulent quant à l'origine de ces tirs. Certaines sources évoquent un accident impliquant une grenade à l'entrée du palais présidentiel, tandis que d'autres mentionnent un différend entre hauts gradés des forces spéciales. Ces rumeurs reflètent les tensions internes au sein de l'armée guinéenne, un phénomène récurrent depuis l'indépendance du pays en 1958.

La Guinée, riche en ressources minières et notamment en bauxite, dont elle est le deuxième producteur mondial, fait face à de nombreux défis. Avec une population d'environ 13 millions d'habitants en 2024 et un taux d'alphabétisation d'environ 30%, le pays peine à transformer ses richesses naturelles en développement durable pour sa population.

Le régime de Mamadi Doumbouya est confronté à des tensions croissantes. Des morts suspectes de militaires, comme celle du général Sadiba Koulibaly en juin 2024, alimentent les inquiétudes. De plus, l'incertitude plane sur une éventuelle candidature de Doumbouya à la présidentielle, malgré son engagement initial à ne pas se présenter.

La répression de l'opposition s'intensifie. L'enlèvement de deux figures du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) le 9 juillet 2024 illustre cette tendance préoccupante. Ces événements se déroulent dans un contexte où la Guinée tente de surmonter les défis hérités de son histoire tumultueuse, marquée par des coups d'État successifs et des crises sanitaires comme l'épidémie d'Ebola de 2014-2016.

Malgré ces difficultés, la Guinée possède de nombreux atouts, tels que sa riche tradition musicale et ses ressources naturelles variées. Le pays, membre de la CEDEAO, a accueilli les Jeux de la Francophonie en 2023, démontrant sa capacité à organiser des événements d'envergure internationale.

L'avenir politique de la Guinée reste incertain, alors que la fin de la transition est prévue pour le 31 décembre 2024. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si le pays parviendra à surmonter ses divisions et à établir une stabilité durable, nécessaire à son développement et au bien-être de sa population.

Angelique Labbé

Économie