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Nouvelles mesures pour encadrer l'usage du tramadol et de la codéine en France

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L'ANSM impose des ordonnances sécurisées pour le tramadol et la codéine à partir du 1er décembre 2024. Cette décision vise à réduire les risques d'abus et de dépendance liés à ces antidouleurs opioïdes.

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé le 26 septembre 2024 une nouvelle mesure visant à renforcer le contrôle de l'utilisation des médicaments opioïdes en France. À partir du 1er décembre 2024, le tramadol et la codéine ne pourront être délivrés que sur présentation d'une ordonnance sécurisée, infalsifiable.

Cette décision s'inscrit dans un contexte de vigilance accrue concernant l'usage des opioïdes, notamment suite à la crise sanitaire observée aux États-Unis. Le tramadol, découvert en 1962, et la codéine, isolée pour la première fois en 1832, sont des antalgiques efficaces mais présentent des risques significatifs de dépendance.

Philippe Vella, directeur médical à l'ANSM, souligne l'importance de cette mesure :

"Ce sont de très bons médicaments pour soulager la douleur, mais compte tenu des risques qu'ils présentent il est important de renforcer leur bon usage"

Déclaration de Philippe Vella, directeur médical à l'ANSM

L'ordonnance sécurisée, introduite en France en 1999, comporte plusieurs éléments de sécurité : informations préimprimées en bleu, filigrane représentant un caducée, carrés en microlettres, et un grammage minimal de 77 g/m². Le dosage, la posologie et la durée du traitement devront être rédigés en toutes lettres.

Cette nouvelle réglementation s'ajoute aux mesures déjà en place. Depuis 2017, tous les médicaments contenant de la codéine sont soumis à prescription médicale, alors qu'ils étaient auparavant en vente libre. En 2020, la durée maximale de prescription du tramadol a été limitée à 12 semaines.

Malgré ces efforts, les cas d'abus persistent. En 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol et 709 la codéine. Ces chiffres alarmants justifient le renforcement des mesures de contrôle.

L'utilisation des opioïdes en France reste significative. En 2015, environ 10 millions de Français avaient reçu au moins une prescription d'opioïdes antalgiques. En 2022, l'abus de tramadol a causé 14 décès, tandis que celui de la codéine en a entraîné 6.

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), approuve cette décision tout en soulignant le retard dans la mise en place de l'ordonnance numérique, obligatoire depuis le 1er janvier 2024 mais pas encore pleinement opérationnelle.

Il est important de noter que les opioïdes, utilisés en médecine depuis des millénaires, agissent sur les récepteurs opioïdes du système nerveux central. La dépendance peut se développer en seulement quelques jours d'utilisation continue, et ces substances peuvent causer une dépression respiratoire potentiellement mortelle.

L'ANSM, créée en 2012, continue de surveiller étroitement la consommation d'antalgiques opioïdes en France. La naloxone, un antidote utilisé en cas de surdose, est désormais plus largement disponible pour faire face aux situations d'urgence.

Cette nouvelle mesure vise à trouver un équilibre entre l'accès aux traitements efficaces contre la douleur et la prévention des risques liés à leur utilisation abusive. Elle s'inscrit dans une approche globale de santé publique, tenant compte des leçons tirées de la crise des opioïdes aux États-Unis, qui a débuté dans les années 1990.

Angelique Labbé

Politique