La cathédrale Notre-Dame de Paris, joyau de l'architecture gothique française, s'apprête à rouvrir ses portes les 7 et 8 décembre 2024, après un chantier de restauration colossal. Cette rénovation, rendue nécessaire suite à l'incendie dévastateur du 15 avril 2019, a bénéficié d'un budget impressionnant de 840 millions d'euros provenant de dons.
Cependant, à l'approche de cette réouverture tant attendue, une polémique persiste : faut-il installer des vitraux contemporains dans six des sept chapelles du bas-côté sud ? Cette question divise l'opinion et soulève des débats passionnés sur la préservation du patrimoine et l'innovation artistique.
Le président Emmanuel Macron, qui a fait de la reconstruction de Notre-Dame une affaire personnelle, soutient l'idée d'un "geste architectural" contemporain. Initialement, il avait envisagé des projets audacieux tels qu'une flèche en titane ou un toit végétalisé. Cependant, face aux contraintes de temps et aux critiques, il s'est résolu à une reconstruction "à l'identique", tout en maintenant son désir d'intégrer un élément moderne.
Ce projet de vitraux contemporains représente une commande conséquente de 180 mètres carrés. Les lauréats, un artiste associé à un maître verrier, seront choisis en novembre. La décision finale appartient à l'État, propriétaire de la cathédrale, ce qui signifie en pratique à M. Macron. Il est important de noter que l'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, et l'Église en général soutiennent également cette initiative.
Toutefois, cette proposition ne fait pas l'unanimité. Les opposants arguent que les chapelles visées contiennent déjà des vitraux créés par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Cet architecte renommé, qui a dirigé la rénovation complète de Notre-Dame entre 1814 et 1879, a conçu des vitraux simples, géométriques et colorés. Bien que certains considèrent ces vitraux comme neutres et remplaçables, d'autres y voient une partie intégrante de l'œuvre de Viollet-le-Duc.
Il est intéressant de noter que 92% des vitraux actuels de Notre-Dame datent déjà des XVIIe, XIXe et XXe siècles, ce qui montre que la cathédrale a toujours évolué au fil du temps. De plus, l'intégration d'art contemporain dans les édifices religieux n'est pas nouvelle. On peut citer les 104 vitraux en noir et blanc de Pierre Soulages dans l'abbatiale Sainte-Foy de Conques, installés en 1994, ou encore les vitraux rouges et plomb d'Aurélie Nemours au prieuré de Salagon, réalisés en 1997.
Ce débat sur les vitraux s'inscrit dans une réflexion plus large sur la manière de préserver et de faire vivre le patrimoine. Notre-Dame de Paris, construite entre 1163 et 1245, a survécu à de nombreux événements historiques, dont deux guerres mondiales, et a inspiré d'innombrables artistes au fil des siècles. Sa restauration actuelle est l'un des plus grands projets de conservation au monde.
Alors que la cathédrale se prépare à accueillir à nouveau ses millions de visiteurs annuels, la décision concernant ces vitraux aura un impact significatif sur son apparence future. Quelle que soit l'issue, Notre-Dame continuera sans doute à émerveiller les générations à venir, tout en témoignant de l'évolution constante de l'art et de l'architecture à travers les âges.