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Nanomatériaux : entre innovation et risques pour la santé

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Les nanomatériaux, minuscules mais puissants, soulèvent des inquiétudes quant à leurs effets sur la santé. Malgré les réglementations, les contrôles restent insuffisants, nécessitant une vigilance accrue.

Les nanomatériaux, ces structures microscopiques mesurant un milliardième de mètre, suscitent à la fois fascination et inquiétude. Bien que prometteurs dans de nombreux domaines, leur utilisation soulève des questions cruciales concernant leurs effets potentiels sur la santé humaine et l'environnement.

Emmanuel Flahaut, docteur en science des matériaux et directeur de recherche au CNRS, explique :

"Le plus généralement, ce sont des effets de type inflammatoires, sur des modèles cellulaires ou animaux. Chez les travailleurs, la préoccupation principale concerne la voie inhalatoire, en particulier pour ceux qui fabriquent les nanomatériaux."

Les risques liés à l'exposition aux nanomatériaux sont variés

Cette préoccupation n'est pas sans fondement. Les nanoparticules peuvent traverser les barrières biologiques, y compris la barrière hémato-encéphalique, ce qui les rend potentiellement dangereuses. Leur surface spécifique élevée augmente leur réactivité chimique, et certaines peuvent s'accumuler dans les organismes vivants et l'environnement.

Pour encadrer leur utilisation, l'Union européenne a mis en place plusieurs réglementations contraignantes, notamment Reach, CLP, et le règlement relatif aux produits cosmétiques. Cependant, l'application et le contrôle de ces règles restent problématiques. Emmanuel Flahaut souligne que les contrôles en France, bien qu'existants, sont insuffisants, principalement par manque de moyens.

La Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) effectue des contrôles sur les produits contenant des nanomatériaux. Récemment, neuf produits cosmétiques contenant des nanomatériaux non autorisés ont été retirés du marché. Ces retraits concernaient principalement des produits de maquillage contenant de l'oxyde de fer et du dioxyde de titane sous forme nano.

Il est intéressant de noter que le dioxyde de titane sous forme nano est couramment utilisé comme filtre UV dans les crèmes solaires, illustrant la complexité de la réglementation dans ce domaine. De plus, les nanoparticules d'argent sont appréciées pour leurs propriétés antibactériennes, tandis que les quantum dots révolutionnent la technologie des écrans QLED.

Malgré ces avancées, des lacunes persistent dans notre compréhension et notre gestion des nanomatériaux. Le registre R-Nano, créé en France en 2013, manque d'informations cruciales sur les dangers et l'exposition aux nanomatériaux. Cette situation souligne l'importance de la nanotoxicologie, une branche émergente de la toxicologie dédiée à l'étude des effets des nanomatériaux.

Alors que la recherche continue de progresser, avec des développements prometteurs comme les nanorobots pour des applications médicales, il est crucial de maintenir un équilibre entre innovation et précaution. L'harmonisation internationale des réglementations et l'augmentation des moyens de contrôle seront essentielles pour garantir une utilisation sûre et responsable des nanomatériaux à l'avenir.

Nicolette Mathieu