Le 5 septembre 2024, Michel Barnier a pris ses fonctions de Premier ministre à Matignon, suscitant des interrogations sur son approche de l'écologie. Son parcours politique complexe et ses positions changeantes sur l'environnement ont laissé perplexes de nombreux observateurs.
Barnier, ancien ministre de l'Environnement de 1993 à 1995, a longtemps été considéré comme une figure atypique au sein de la droite française. Son intérêt pour les questions environnementales remonte à ses débuts en politique, lorsqu'il était chargé de mission auprès de Robert Poujade, premier ministre de l'Environnement en France de 1971 à 1974.
Cependant, ses positions récentes ont semé le doute. En 2021, lors de sa candidature à la primaire de la droite, il s'est montré critique envers l'énergie éolienne. Cette évolution a inquiété les défenseurs de l'environnement, qui attendent désormais des actes concrets.
Morgane Créach, directrice générale du Réseau Action Climat, exprime cette prudence :
« Nous jugerons sur pièces, car nous avons connu beaucoup de responsables politiques qui emploient des termes forts mais ne font rien ensuite. »
Le passé de Barnier offre néanmoins des indices sur sa sensibilité écologique. En 1990, il publiait "Chacun pour tous. Le défi écologique", un ouvrage qui abordait des thèmes toujours d'actualité. Il y évoquait les limites des ressources terrestres, la perte de biodiversité et critiquait les approches purement économiques.
Barnier a eu une carrière politique riche et variée. Il a été commissaire européen de 2010 à 2014, négociateur en chef de l'UE pour le Brexit de 2016 à 2020, et a occupé plusieurs postes ministériels, dont celui des Affaires étrangères de 2004 à 2005. Cette expérience internationale pourrait influencer sa vision de l'écologie à l'échelle globale.
Né le 9 janvier 1951 en Isère, Barnier a toujours gardé un lien fort avec la nature, ce qui pourrait expliquer son intérêt précoce pour l'environnement. Son parcours inclut également la présidence du Conseil général de Savoie de 1982 à 1999, renforçant son ancrage local et sa connaissance des enjeux territoriaux.
La nomination de Barnier intervient dans un contexte politique tendu, avec une situation financière décrite comme "très grave". Son approche de l'écologie sera scrutée de près, tant par ses alliés que par ses opposants, y compris l'extrême droite climatosceptique.
Le nouveau Premier ministre devra concilier les impératifs économiques avec les défis environnementaux. Ses écrits passés suggèrent une vision où "la croissance peut être harmonisée avec l'environnement", une position qui pourrait définir sa politique à venir.
L'avenir dira si Michel Barnier saura transformer son intérêt historique pour l'environnement en actions concrètes, dans un paysage politique complexe et face à l'urgence climatique croissante.