La nomination récente de Michel Barnier au poste de Premier ministre a été marquée par une déclaration surprenante. Le 7 septembre 2024, il a évoqué la nécessité de "dire la vérité" sur "la dette financière et la dette écologique", une phrase qui a immédiatement suscité l'étonnement des observateurs politiques.
Cette réaction s'explique par le fait que l'écologie est généralement absente du discours de la droite politique française. Les rares figures conservatrices sensibles à cette question ont été marginalisées au fil du temps. Quelques députés du parti Les Républicains déplorent cette situation, mais leurs voix restent peu entendues.
Pourtant, il y a 34 ans, Michel Barnier lui-même avait écrit un ouvrage détaillé sur l'environnement. "Chacun pour tous. Le défi écologique", publié en 1990, était le fruit d'une enquête parlementaire menée par le jeune député. Ce livre, aujourd'hui difficile à trouver, témoigne d'une époque où la droite française s'intéressait de près aux questions environnementales.
Il est fascinant de constater que ce livre abordait déjà des enjeux cruciaux, avant même la tenue du Sommet de la Terre à Rio en 1992 ou la publication du premier rapport du GIEC. Les connaissances sur les problèmes environnementaux étaient déjà bien documentées et analysées dans l'ouvrage de Barnier.
"Le ministère de l'impossible"
Il est important de rappeler que le premier ministre de l'Environnement en France était Robert Poujade, un gaulliste, nommé en 1971. C'est lui qui avait qualifié son ministère de "ministère de l'impossible", une expression restée célèbre.
Le contraste entre les connaissances disponibles il y a 34 ans et l'attitude actuelle de la droite envers l'écologie est frappant. La déclaration récente de Barnier pourrait-elle annoncer un retour de la droite vers les préoccupations environnementales ?
Il est intéressant de noter que depuis la publication du livre de Barnier, de nombreux événements importants ont eu lieu dans le domaine de l'environnement. La Convention de Stockholm sur les polluants persistants a été signée en 2001, la Charte de l'environnement a été intégrée à la Constitution française en 2005, et l'Accord de Paris sur le climat a été adopté lors de la COP21 en 2015.
La question qui se pose maintenant est de savoir si la déclaration de Michel Barnier marque le début d'un renouveau de l'écologie dans le discours de la droite française, ou s'il s'agit d'une exception qui confirme la règle.