meurtre-de-philippine--le-debat-sur-limmigration-relance-en-france

Meurtre de Philippine : le débat sur l'immigration relancé en France

 • 203 views

Le meurtre d'une étudiante à Paris ravive les discussions sur la politique migratoire. Les propositions d'allongement de la durée de rétention des étrangers sont critiquées comme inefficaces.

Le meurtre brutal de Philippine, une étudiante de 19 ans, dont le corps a été découvert le 21 septembre 2024 dans le Bois de Boulogne, a relancé le débat sur l'immigration en France. Ce parc de 846 hectares à l'ouest de Paris est devenu le théâtre d'un drame qui a secoué l'opinion publique.

Trois jours après la découverte macabre, Taha O., un Marocain de 22 ans en situation irrégulière, a été arrêté à Genève, en Suisse. Cette ville, connue pour abriter de nombreuses organisations internationales, est devenue le point final de la fuite du suspect. Le Maroc, pays d'origine de Taha O., est une monarchie constitutionnelle en Afrique du Nord, avec laquelle la France entretient des relations complexes en matière d'immigration.

Ce tragique événement a immédiatement été instrumentalisé par certains politiciens pour justifier un durcissement des lois sur l'immigration. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, a notamment plaidé pour un allongement de la durée de rétention des étrangers en instance d'expulsion.

Cependant, l'histoire des lois françaises sur la rétention administrative montre que cette approche n'est pas nouvelle. Depuis 1993, avec la loi Pasqua fixant la durée à 10 jours, chaque gouvernement a progressivement augmenté cette période : 12 jours en 1998 (loi Chevènement), 32 jours en 2003 (loi Sarkozy), 45 jours en 2011 (loi Guéant), et enfin 90 jours en 2018 avec la loi Collomb.

Malgré ces changements successifs, le taux d'exécution des reconduites à la frontière reste faible, environ 10%. Cette inefficacité alimente la frustration et le vote d'extrême droite. Il est important de noter que l'espace Schengen, permettant la libre circulation entre 26 pays européens, complique parfois les procédures d'expulsion.

Les critiques soulignent que l'allongement de la durée de rétention n'est pas une solution miracle. Ils appellent à une approche plus ciblée, se concentrant sur les délinquants plutôt que sur des mesures générales affectant tous les étrangers. L'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII) pourrait jouer un rôle crucial dans l'amélioration de ces processus.

"Face à l'émotion et à la colère, rien n'est pire que de brandir de fausses réponses qui alimentent la machine à ressentiment."

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat :

Il est également important de rappeler que la France a des obligations internationales, notamment en matière de droit d'asile, défini par la Convention de Genève de 1951. De plus, des dispositifs comme le regroupement familial et le droit du sol complexifient la situation.

Pour une approche plus efficace, les experts suggèrent de se concentrer sur la chaîne de décisions judiciaires et administratives menant à l'expulsion des délinquants étrangers. Cela impliquerait une meilleure coordination entre les différentes institutions, y compris le Conseil constitutionnel qui veille à la conformité des lois avec la Constitution.

En conclusion, le meurtre de Philippine souligne la nécessité d'une réforme réfléchie et équilibrée de la politique migratoire française. Plutôt que des réactions émotionnelles, une approche rationnelle et ciblée semble être la voie à suivre pour résoudre ces défis complexes.

Nicolette Mathieu

Politique