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Meurtre à Paris : polémique sur la libération du suspect sous OQTF

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Le meurtre d'une étudiante à Paris soulève des questions sur la gestion des étrangers sous obligation de quitter le territoire. Des responsables politiques appellent à des réformes du système judiciaire et administratif.

Le meurtre d'une étudiante à Paris a déclenché une vive polémique en France sur la gestion des étrangers sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le corps de la victime, Philippine, 19 ans, a été découvert le 23 septembre 2023 dans le bois de Boulogne, un vaste parc de 846 hectares à l'ouest de la capitale.

Un suspect de 22 ans, précédemment condamné pour viol et sous le coup d'une OQTF, a été arrêté en Suisse le 26 septembre 2023. Cette affaire a mis en lumière les failles du système administratif et judiciaire français, suscitant de nombreuses réactions politiques.

Le suspect avait été placé au centre de rétention administrative de Metz le 20 juin 2023, à sa sortie de prison. Cependant, il a été libéré le 3 septembre 2023 par un juge des libertés et de la détention (JLD), une fonction créée en 2000. Cette libération est intervenue après 90 jours de rétention, la durée maximale prévue par la loi depuis 2018.

L'administration n'avait pas obtenu le laissez-passer consulaire nécessaire du Maroc pour procéder à l'expulsion. Ce document, essentiel pour l'éloignement d'un étranger sans passeport, illustre la complexité des procédures d'expulsion, malgré l'accord de coopération en matière de sécurité signé entre la France et le Maroc en 2000.

Des responsables politiques de divers bords ont critiqué ce qu'ils appellent "la chaîne pénale et administrative". Olivier Faure, leader du Parti Socialiste, a déclaré sur BFM TV :

"Quand on a quelqu'un qui est en détention, qui est un individu dont on peut penser qu'il est une menace pour la société française, on ne devrait pas avoir à le libérer avant même qu'on ait l'assurance qu'il pourra repartir."

Olivier Faure, leader du Parti Socialiste

L'ancien président François Hollande a souligné sur France Inter, une radio publique créée en 1963, la nécessité d'accélérer les procédures d'OQTF, une mesure administrative instaurée en 2006.

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a appelé à "faire évoluer notre arsenal juridique" sur la plateforme X, anciennement Twitter. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a également insisté sur l'urgence de réformer le fonctionnement de la chaîne pénale.

L'opposition, notamment le Rassemblement National (RN), a vivement critiqué la gestion de la sécurité et de l'immigration par le gouvernement. Jordan Bardella, président du RN, a qualifié la situation d'"impunité totale" sur X.

Cette affaire relance le débat sur la politique migratoire française, qui a connu des réformes majeures en 2006, 2011 et 2018. Elle souligne également l'importance du fichier des personnes recherchées (FPR), créé en 1969, dans lequel le suspect avait été inscrit la veille du meurtre pour non-respect de son obligation de pointer.

Alors que le gouvernement et l'opposition s'affrontent sur ces questions, l'affaire met en lumière les défis complexes auxquels la France est confrontée en matière de sécurité, d'immigration et de coopération internationale. Le débat se poursuit, avec des appels à des réformes législatives et administratives pour prévenir de telles tragédies à l'avenir.

Mercer Bergeron

Politique