Le 21 septembre 2024, Emmanuel Macron a nommé un nouveau gouvernement de 39 ministres, marquant un virage significatif vers la droite dans sa stratégie politique. Cette décision intervient six mois après une conversation révélatrice avec l'ancien président François Hollande au Palais de l'Élysée, résidence officielle du président français depuis 1848.
Le 6 mars 2024, lors d'une rencontre initialement prévue pour discuter de la guerre en Ukraine, Hollande avait conseillé à Macron : « Tu mènes une politique de droite. Il faut que tu fasses une alliance avec la droite ». Macron, visiblement réticent, avait alors répondu : « Je n'ai pas fait tout ça pour en arriver là ».
Cependant, face à une majorité parlementaire fragile dans une Assemblée nationale de 577 députés, Macron semble avoir suivi ce conseil. Le nouveau gouvernement inclut une dizaine d'élus issus de la droite conservatrice, rappelant l'époque de François Fillon, Premier ministre de 2007 à 2012 sous Nicolas Sarkozy.
Parmi les nominations controversées figure Bruno Retailleau, sénateur de Vendée, au ministère de l'Intérieur. Ancien cavalier au spectacle équestre du Puy du Fou, parc à thème historique en Vendée, Retailleau a fait des déclarations polémiques sur l'immigration en juillet 2023.
D'autres nominations, comme celle de Patrick Hetzel à l'Enseignement supérieur et de Laurence Garnier à la Consommation, reflètent une tendance conservatrice. Garnier, figure de La Manif pour tous, mouvement d'opposition au mariage homosexuel, s'est opposée à la pénalisation des thérapies de conversion, pratiques interdites en France depuis 2022.
Ce virage à droite contraste fortement avec la nomination en janvier 2024 de Gabriel Attal, devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre de la Ve République, établie en 1958. Lors de son discours de politique générale, Attal avait déclaré : « Être Français en 2024, c'est pouvoir être premier ministre en assumant son homosexualité. »
La composition de ce nouveau gouvernement a suscité de vives critiques. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, l'a qualifié de « gouvernement réactionnaire en forme de bras d'honneur à la démocratie ».
Cette décision de Macron, ancien banquier d'affaires brièvement encarté au PS et chantre du « en même temps », marque un tournant dans sa présidence. Elle intervient après une dissolution de l'Assemblée nationale à contretemps et un échec aux élections législatives, illustrant les défis auxquels fait face le président pour gouverner efficacement dans le cadre de la Constitution française de 1958.
« Tu mènes une politique de droite. Il faut que tu fasses une alliance avec la droite »
Ce remaniement gouvernemental soulève des questions sur l'avenir de la politique française et la capacité de Macron à maintenir son positionnement centriste, tout en naviguant dans les eaux tumultueuses de la politique française contemporaine.