les-secrets-des-catacombes-de-paris-reveles-par-la-science-moderne

Les secrets des catacombes de Paris révélés par la science moderne

 • 160 views

Des chercheurs explorent les catacombes parisiennes pour étudier la santé des anciens habitants. Ces ossuaires, créés au XVIIIe siècle, livrent leurs mystères grâce à des études anthropologiques annuelles.

Dans les profondeurs de Paris, un groupe de scientifiques mène une enquête fascinante sur la santé des anciens Parisiens. Dirigée par Philippe Charlier, directeur du laboratoire Anthropologie, archéologie, biologie de l'université Paris-Saclay, cette équipe plonge chaque année dans l'obscurité des catacombes pour étudier les ossements qui y reposent depuis plus de deux siècles.

Ces recherches, débutées en septembre 2023, se déroulent dans un réseau souterrain s'étendant sur environ 300 km, à une vingtaine de mètres sous la surface de la capitale française. Les catacombes, qui abritent les restes d'environ 6 millions de personnes, maintiennent une température constante de 14°C, créant un environnement unique pour la préservation des ossements.

L'histoire des catacombes remonte à la fin du XVIIIe siècle, lorsque Paris fut confrontée à une crise sanitaire majeure. En 1780, le cimetière des Innocents, situé dans le quartier des Halles, atteignit sa capacité maximale, provoquant des problèmes d'hygiène alarmants. Parallèlement, des effondrements de terrain dus aux anciennes carrières souterraines menaçaient la stabilité de la ville.

Face à ces défis, Louis XVI créa en 1777 l'inspection générale des carrières, chargée de cartographier et consolider le sous-sol parisien. En 1785, la décision fut prise de vider les cimetières de la capitale. Pendant 15 mois, de 1785 à 1787, des convois nocturnes transportèrent les ossements vers les anciennes carrières au sud de Paris, dans ce qui allait devenir les catacombes.

L'organisation des ossements dans les catacombes est remarquable. Les ouvriers ont créé des murs appelés "hagues", composés d'une partie visible soigneusement arrangée avec des os longs et des crânes, et d'une partie cachée contenant des ossements plus petits ou brisés. Cette structure unique a permis de maximiser l'espace disponible tout en créant un lieu de mémoire impressionnant.

Au fil du temps, les catacombes ont joué divers rôles dans l'histoire de Paris. Elles ont servi de refuge pendant la Commune de 1871 et de cachette pour la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. Au XIXe siècle, elles ont même été utilisées pour la culture de champignons et la production de noir animal à partir des ossements.

Les recherches actuelles menées par Philippe Charlier et son équipe visent à extraire des informations précieuses sur l'état de santé des Parisiens d'autrefois. Ces études anthropologiques et paléoanthropologiques permettent de mieux comprendre l'évolution des conditions de vie et des maladies au fil des siècles.

"La décision est prise en 1785 et, durant quinze mois, la nuit, avec un accompagnement liturgique, d'énormes tombereaux tirés par des bœufs vont déplacer les ossements des cimetières parisiens."

Isabelle Knafou, administratrice des catacombes de Paris, explique :

Il est important de noter que l'accès aux catacombes est strictement réglementé. Seule une petite partie du réseau, environ 1%, est ouverte au public depuis 1809. Un musée des catacombes, situé à Denfert-Rochereau, accueille les visiteurs depuis 1874, offrant un aperçu fascinant de ce lieu unique chargé d'histoire.

Les recherches menées dans les catacombes de Paris démontrent l'importance de préserver et d'étudier notre patrimoine historique. En combinant les méthodes scientifiques modernes avec l'étude de ces vestiges anciens, les chercheurs ouvrent une fenêtre sur le passé, nous permettant de mieux comprendre l'évolution de la société parisienne au fil des siècles.

Mercer Bergeron