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Les océans profonds : un miroir de nos activités terrestres

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Pierre-Marie Sarradin de l'Ifremer révèle l'impact humain sur les océans profonds. Des microplastiques aux polluants, nos actions terrestres affectent les abysses, remettant en question l'idée d'océans vierges.

Pierre-Marie Sarradin, responsable de l'unité mixte biologie et écologie des écosystèmes marins profonds (BEEP) à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), offre un aperçu fascinant de l'évolution de notre compréhension des océans au cours des deux dernières décennies.

L'une des révélations les plus frappantes est la connectivité entre les activités terrestres et les profondeurs océaniques. Contrairement à ce que l'on croyait il y a 20 ans, nos actions sur terre ont un impact direct sur les écosystèmes marins les plus profonds. Cette réalisation a transformé notre approche des sciences océaniques, nous obligeant à considérer les océans comme un système global interconnecté.

Les preuves de cette connexion sont alarmantes. Des études menées dans les zones hadales, situées à plus de 6 000 mètres de profondeur, ont révélé la présence de microplastiques et de polluants organiques persistants. Ces découvertes remettent en question l'idée d'océans profonds vierges et intacts.

Cette nouvelle compréhension a donné naissance à des approches innovantes en océanographie. La méthode "source to sink" vise à suivre le parcours des éléments depuis leur source terrestre jusqu'aux profondeurs océaniques, illustrant la complexité des interactions entre les écosystèmes terrestres et marins.

Les écosystèmes profonds, autrefois considérés comme stables et isolés, se révèlent être des environnements dynamiques. Les interactions entre les courants profonds et la topographie sous-marine créent des tourbillons qui influencent la dispersion des particules et des organismes dans la colonne d'eau.

Il est fascinant de noter que l'océan couvre environ 71% de la surface de la Terre et contient 97% de l'eau de notre planète. Malgré son immensité, moins de 5% des océans ont été explorés en détail, laissant un vaste territoire inexploré et plein de mystères.

Les océans jouent un rôle crucial dans la régulation du climat terrestre, absorbant environ 30% du CO2 émis par les activités humaines et produisant plus de 50% de l'oxygène de la planète. Cette capacité d'absorption du carbone souligne l'importance vitale des océans dans la lutte contre le changement climatique.

La biodiversité marine est extraordinaire, avec des phénomènes uniques comme la bioluminescence, courante dans les profondeurs océaniques. Les sources hydrothermales profondes abritent des écosystèmes indépendants de la lumière solaire, démontrant la résilience et l'adaptabilité de la vie marine.

Cependant, la pollution plastique menace gravement ces écosystèmes fragiles. Le plastique peut mettre jusqu'à 450 ans pour se décomposer dans l'océan, causant des dommages à long terme à la vie marine.

Les avancées technologiques ont permis des découvertes surprenantes, comme l'existence de "rivières" sous-marines et de canyons plus profonds que le Grand Canyon terrestre. Ces formations géologiques uniques influencent la circulation océanique et la distribution des nutriments.

"L'idée de fonds marins pristins, autrement dit vierges et sauvages, sans impact de l'homme, a vécu."

Pierre-Marie Sarradin explique :

Cette déclaration souligne l'urgence de repenser notre relation avec les océans et de développer des stratégies de conservation plus efficaces. La protection des écosystèmes marins profonds est cruciale non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour le maintien de l'équilibre écologique global de notre planète.

Verney Austin