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L'Église catholique en Polynésie française : un géant foncier controversé

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En Polynésie française, l'Église catholique possède un vaste patrimoine foncier, source de tensions dans un contexte de pression immobilière. La gestion complexe de ces terres soulève des questions sur leur utilisation future.

Dans les îles paradisiaques de la Polynésie française, l'Église catholique se trouve au cœur d'une controverse foncière. Propriétaire terrien majeur dans cet archipel de 118 îles, l'institution religieuse fait face à des défis croissants liés à la gestion de son vaste patrimoine.

À Tiputa, village de l'atoll de Rangiroa dans l'archipel des Tuamotu, la vie dominicale illustre l'importance de la religion dans la société polynésienne. Chaque dimanche matin, les fidèles se pressent à l'église Maria no te Hau, gérée par Johanna Viriamu, première femme catéchiste des Tuamotu. La diversité religieuse est frappante : catholiques, protestants, adventistes et Témoins de Jéhovah cohabitent sur cette fine bande de terre corallienne.

L'omniprésence de l'Église catholique en Polynésie française se manifeste par son patrimoine foncier considérable. Guy Besnard, économe du diocèse, admet la difficulté de quantifier précisément ces possessions : "L'Église est présente partout, mais un inventaire exhaustif est impossible faute de ressources." Cette situation complexifie la gestion et soulève des questions sur l'utilisation de ces terres.

La pression foncière croissante en Polynésie française exacerbe les tensions autour de ce patrimoine ecclésiastique. Les jeunes ménages, confrontés à l'impossibilité d'acquérir des terrains, regardent avec envie ces vastes propriétés. Ce contexte ravive le débat sur le rôle et les responsabilités de l'Église en tant que propriétaire terrien majeur.

L'histoire de l'évangélisation de la Polynésie française explique en partie cette situation. Arrivés en 1834 à Mangareva, les missionnaires catholiques français ont rapidement étendu leur influence, notamment dans les petites îles comme l'archipel des Gambier. Leur ingéniosité, illustrée par la construction d'églises en chaux de corail, a marqué durablement le paysage insulaire.

"L'église et le cimetière catholiques appartiennent au conseil d'administration de la mission catholique de Tahiti, le Camica, qui gère l'important patrimoine de l'Église de quatre des cinq archipels de la Polynésie française."

Johanna Viriamu, catéchiste à Tiputa

Cette situation unique soulève des questions cruciales pour l'avenir de la Polynésie française. Comment concilier le patrimoine historique de l'Église avec les besoins fonciers actuels de la population ? Quelle sera l'évolution de ce patrimoine dans un contexte de pression immobilière croissante ? Ces interrogations sont au cœur des débats qui animent la société polynésienne aujourd'hui.

Verney Austin

Politique