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Le spatio-féminisme : repenser l'espace pour l'égalité des genres

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Un nouveau livre explore les inégalités spatiales entre genres et propose la contre-cartographie comme outil de lutte. L'ouvrage souligne l'importance pour les femmes de s'approprier l'espace symbolique des cartes.

La rentrée, moment de retour aux espaces quotidiens, offre l'occasion de réfléchir sur les relations genrées à l'espace. Un nouveau livre, "Pour un spatio-féminisme" de Nepthys Zwer, historienne de la culture visuelle, examine ce sujet crucial.

L'ouvrage met en lumière les inégalités spatiales omniprésentes. Dans les cours de récréation, les garçons dominent le centre, tandis que les filles sont reléguées aux marges. Cette dynamique, observée depuis les années 1990, persiste malgré les efforts de sensibilisation. De même, la température des bureaux climatisés, établie dans les années 1960 sur la base du métabolisme masculin, désavantage souvent les femmes.

Zwer souligne comment le langage et les connaissances géographiques reflètent un point de vue masculin. Cette perspective s'inscrit dans une longue histoire d'exclusion des femmes de la production cartographique jusqu'au 20e siècle. L'auteure retrace l'apport de la critique féministe à la compréhension de l'espace, citant des figures comme Donna Haraway, philosophe américaine, et Camille Schmoll, géographe française.

Pour contrer cet agencement patriarcal de l'espace, Zwer propose la contre-cartographie. Cette pratique, émergée dans les années 1960, vise à produire des cartes alternatives révélant les structures de pouvoir. L'auteure, qui anime des ateliers de cartographie collective, explique comment cet outil peut aider les femmes à comprendre leurs pratiques quotidiennes et à formuler des contre-discours efficaces.

"S'inscrire dans l'espace symbolique de la carte, c'est forcer la reconnaissance de soi, c'est exister pour les autres"

Nepthys Zwer affirme :

Cette approche s'inscrit dans un mouvement plus large de géographie féministe, devenu un champ d'étude reconnu dans les années 1980. Elle rejoint également le concept de "droit à la ville" développé par Henri Lefebvre en 1968, en l'appliquant spécifiquement aux questions de genre.

L'importance de cette démarche est soulignée par des initiatives récentes. En 2016, l'ONU a reconnu l'importance de l'égalité des sexes dans la planification urbaine. Certaines villes, comme Vienne, ont adopté le "gender mainstreaming" en urbanisme dès les années 1990, montrant que des changements concrets sont possibles.

Le "spatio-féminisme" de Zwer s'inscrit ainsi dans une longue tradition de lutte pour l'égalité spatiale, tout en proposant des outils novateurs pour l'avenir. En encourageant les femmes et les minorités à s'approprier l'espace symbolique des cartes, il ouvre de nouvelles perspectives pour une société plus équitable.

Angelique Labbé