Le Rassemblement national (RN), fondé en 1972 sous le nom de Front national, se trouve à nouveau confronté à des questions sur ses liens avec l'extrême droite radicale. Malgré ses efforts de dédiabolisation depuis que Marine Le Pen a pris la présidence du parti en 2011, des connexions persistantes avec des groupes extrémistes continuent d'émerger, notamment au cœur même de l'Assemblée nationale.
Le journal Libération a révélé le 26 septembre 2023 qu'un collaborateur parlementaire du RN, Rafael Ferron, est également porte-parole de l'association identitaire Tenesoun. Cette organisation, née après la dissolution du mouvement Bastion social en 2019, promeut des idées inspirées des courants identitaire et royaliste, et adhère à la théorie du "grand remplacement" popularisée par Renaud Camus en 2010.
Philippe Schreck, député RN du Var, a recruté Ferron comme collaborateur pour son deuxième mandat. Cette situation met en lumière la tension entre la stratégie de dédiabolisation du RN et ses liens historiques avec des groupuscules radicaux, qui ont longtemps servi de viviers pour le parti.
"Nous allons faire rendre gorge judiciairement à Libération. La gauche est une maladie mentale."
Face à cette révélation embarrassante, la direction du groupe parlementaire RN, qui compte 89 députés depuis les élections législatives de 2022, a demandé à Schreck de mettre fin à sa collaboration avec Ferron. Cette décision souligne l'importance que le parti accorde à son image "dédiabolisée" et sa volonté de se distancer publiquement des groupes les plus radicaux.
Il est important de noter que les collaborateurs parlementaires sont employés directement par les députés, ce qui soulève des questions sur le processus de recrutement et de vérification au sein du RN. De plus, la présence de tels liens au sein de l'Assemblée nationale, qui compte 577 députés, pourrait avoir des implications sur la perception du parti par le public et les autres forces politiques.
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large où le RN, anciennement Front national, tente de se positionner comme un parti politique mainstream depuis son changement de nom en 2018. Cependant, des incidents comme celui-ci rappellent les racines du parti et les défis auxquels il est confronté pour se distancer complètement de son passé.
Le mouvement identitaire en France, qui a émergé dans les années 2000, continue d'entretenir des liens complexes avec certains membres du RN, malgré les efforts officiels du parti pour s'en démarquer. Cette situation met en lumière la difficulté pour le RN de concilier sa base historique avec ses ambitions de respectabilité politique.
En fin de compte, cet épisode souligne la complexité du paysage politique français et les défis auxquels le RN est confronté dans sa quête de légitimité, tout en maintenant son attrait pour une base électorale qui peut être attirée par des idées plus radicales.