le-pape-francois-aborde-les-abus-sexuels-lors-de-sa-visite-en-belgique

Le pape François aborde les abus sexuels lors de sa visite en Belgique

 • 59 views

Lors de sa visite en Belgique, le pape François a qualifié les abus sexuels dans l'Église de "crimes". Les autorités belges appellent à des actions concrètes au-delà des paroles.

Le 27 septembre 2024, le pape François a effectué une visite historique en Belgique, se rendant notamment à l'Université catholique de Louvain, fondée en 1425. Cette visite de trois jours a été marquée par un focus particulier sur la question des violences sexuelles au sein de l'Église catholique, un sujet qui a secoué l'institution en Belgique depuis trois décennies.

Lors de son passage à l'université, le recteur Luc Sels a souligné l'impact négatif des scandales d'abus sexuels sur l'autorité morale de l'Église. Cette déclaration reflète la diminution significative de la pratique religieuse en Belgique ces dernières années, un phénomène observé dans de nombreux pays occidentaux.

Le "discours à la nation" du pape, organisé à l'invitation du roi Philippe, a suscité une controverse dans ce pays qui a adopté la séparation de l'Église et de l'État en 1831. Cette polémique illustre les tensions persistantes entre les valeurs laïques et religieuses dans la société belge, qui a été pionnière dans l'adoption de lois progressistes comme la légalisation de l'euthanasie en 2002 et du mariage homosexuel en 2003.

Dans son allocution, le roi Philippe, septième monarque belge depuis 2013, a évoqué avec prudence les victimes d'abus, soulignant la lenteur de la reconnaissance de leur souffrance. Le Premier ministre démissionnaire, Alexander De Croo, en poste depuis 2020, a adopté un ton plus ferme, appelant à des actions concrètes au-delà des simples paroles.

En réponse, le pape François a qualifié les abus de "crimes", demandant pardon au nom de l'Église. Cette déclaration marque une évolution par rapport aux positions antérieures de l'Église belge, qui avait tendance à minimiser ces actes. En 2010, le primat de Belgique de l'époque avait comparé les abus dans l'Église à ceux d'autres milieux sociaux, une approche désormais considérée comme inadéquate.

Cette visite papale s'inscrit dans un contexte politique complexe en Belgique, un pays connu pour ses crises gouvernementales récurrentes et ses tensions linguistiques entre francophones et néerlandophones. Le système fédéral belge, avec ses trois langues officielles, reflète ces défis de gouvernance.

Malgré ces difficultés, la Belgique reste un acteur clé de l'Union européenne, abritant de nombreuses institutions internationales. Le pays, qui a joué un rôle pionnier dans l'industrialisation européenne au 19e siècle, est aujourd'hui reconnu pour son système de sécurité sociale développé, ainsi que pour ses contributions culturelles, notamment dans le domaine du surréalisme avec des artistes comme René Magritte.

La visite du pape a également ravivé des discussions sur le passé colonial controversé de la Belgique, notamment au Congo, un sujet qui continue de susciter des débats dans la société belge contemporaine.

"Aujourd'hui les paroles ne suffisent plus, des actions concrètes doivent être réalisées. Les victimes ont droit à la vérité. La justice doit être rendue"

Déclaration du Premier ministre Alexander De Croo

Cette visite papale, bien que centrée sur les questions d'abus, a également mis en lumière la complexité de la société belge moderne, oscillant entre tradition et progressisme, unité et division, dans un pays au cœur de l'Europe.

Angelique Labbé

Politique