L'Allemagne, jadis considérée comme le moteur économique de l'Europe, traverse actuellement une période difficile. Après avoir été le "cygne gracieux" de la dernière décennie, le pays se retrouve dans une situation économique précaire, rappelant les années 1990 et le début des années 2000.
Cette régression s'explique par plusieurs facteurs. Premièrement, la réduction excessive des dépenses publiques au cours des dix dernières années a fragilisé l'économie. Deuxièmement, la dépendance excessive du pays vis-à-vis de l'étranger s'est avérée problématique. En effet, l'Allemagne a longtemps sous-traité sa sécurité aux États-Unis, ses exportations à la Chine et son approvisionnement énergétique à la Russie.
Les chiffres économiques récents sont préoccupants. Au deuxième trimestre 2024, l'économie allemande a reculé de 0,1% par rapport au trimestre précédent. L'indicateur IFO, un baromètre économique influent, a également enregistré une baisse fin août, suggérant qu'aucune amélioration n'est en vue à court terme. De plus, le pays connaît une stagnation économique depuis quatre ans.
L'invasion russe en Ukraine a mis en lumière la vulnérabilité énergétique de l'Allemagne. Depuis cet événement, l'indépendance énergétique est devenue une priorité pour l'Europe. Cependant, le gouvernement allemand semble hésitant quant à sa réforme énergétique, ce qui freine les investissements dans les entreprises du pays.
L'industrie automobile allemande, pilier de l'économie nationale, est particulièrement touchée par ces défis. Volkswagen, le plus grand constructeur automobile mondial en termes de ventes, envisage même de fermer des usines en Allemagne, malgré sa promesse de garantir la sécurité de l'emploi jusqu'en 2029.
"L'Allemagne a sous-traité sa sécurité aux Etats-Unis, ses besoins en matière d'export à la Chine et ses besoins énergétiques à la Russie"
Malgré ces difficultés, les constructeurs automobiles allemands continuent d'investir en Chine, espérant maintenir leur présence sur ce marché crucial. Cependant, cette stratégie comporte des risques, notamment face à la concurrence croissante des constructeurs chinois dans le domaine des véhicules électriques.
Il est important de noter que l'Allemagne reste la plus grande économie d'Europe et la quatrième mondiale. Le pays est également le troisième exportateur mondial après la Chine et les États-Unis. Ces dernières années, les exportations allemandes se sont davantage orientées vers les États-Unis, en partie en raison du ralentissement de la croissance chinoise.
Pour surmonter ces défis, l'Allemagne devra s'appuyer sur ses forces traditionnelles, telles que son système d'apprentissage dual réputé et son leadership dans les technologies vertes et l'industrie 4.0. Le pays devra également repenser sa stratégie énergétique et réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés étrangers pour assurer une croissance économique durable à long terme.