L'Algérie a pris la décision de rétablir immédiatement un régime de visas pour tous les détenteurs de passeports marocains. Cette annonce, faite le 26 septembre 2024 par le ministère des Affaires étrangères algérien, marque un nouveau chapitre dans les relations tendues entre les deux pays voisins.
Les autorités algériennes justifient cette mesure par des préoccupations sécuritaires, accusant le Maroc de profiter du régime d'exemption de visas pour faciliter l'entrée d'agents de renseignement sur le territoire algérien. Selon Alger, ces agents mèneraient des activités menaçant la stabilité et la sécurité nationale du pays.
Cette décision intervient dans un contexte géopolitique complexe. L'Algérie, le plus grand pays d'Afrique en superficie, et le Maroc, une monarchie constitutionnelle, entretiennent des relations diplomatiques tendues depuis plusieurs années. Les frontières entre les deux nations sont fermées depuis 1994, bien que la liberté de circulation n'ait pas été remise en cause jusqu'à présent.
Le 1er septembre 2024, les autorités algériennes ont annoncé l'arrestation de plusieurs personnes, dont quatre Marocains, accusées de faire partie d'un réseau d'espionnage. Cet incident a probablement contribué à la décision de rétablir les visas.
Les tensions entre les deux pays sont exacerbées par plusieurs facteurs régionaux. Le rapprochement récent entre le Maroc et Israël, marqué par la normalisation de leurs relations en 2020, suscite la méfiance de l'Algérie, qui maintient une politique étrangère de non-alignement et soutient activement la cause palestinienne.
Le conflit autour du Sahara occidental, un territoire disputé depuis 1975, reste également une source de discorde. L'Algérie soutient le Front Polisario, tandis que le Maroc revendique la souveraineté sur cette région.
De plus, l'Algérie accuse le Maroc de soutenir le Mouvement d'autonomie de la Kabylie (MAK), une organisation que les autorités algériennes ont classée comme terroriste. La Kabylie, une région berbérophone du nord de l'Algérie, est au cœur de ces tensions.
Il est important de noter que malgré ces différends, les deux pays partagent un riche patrimoine culturel. Par exemple, le couscous est reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie.
Sur le plan économique, les deux nations jouent des rôles importants dans la région. L'Algérie est un important producteur de gaz naturel et possède le plus grand réseau de métro d'Afrique. Le Maroc, quant à lui, est un important producteur mondial de phosphates et développe une industrie automobile en pleine expansion.
Les deux pays sont également membres de l'Union pour la Méditerranée, ce qui souligne l'importance de leur coopération régionale malgré les tensions actuelles.
Cette décision de rétablir les visas pour les Marocains pourrait avoir des implications significatives pour les relations bilatérales et la stabilité régionale. Elle souligne la nécessité d'un dialogue constructif pour résoudre les différends et promouvoir la coopération dans une région aux enjeux complexes.