la-renaissance-de-jeanne-dielman--le-chef-doeuvre-meconnu-de-chantal-akerman

La renaissance de "Jeanne Dielman" : le chef-d'œuvre méconnu de Chantal Akerman

 • 0 views

Le film culte de Chantal Akerman, longtemps resté confidentiel, connaît une nouvelle vie. Une rétrospective au Jeu de Paume célèbre l'œuvre de la réalisatrice belge et son impact sur le cinéma féministe.

Le film "Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles" de Chantal Akerman connaît une renaissance remarquable, près de 50 ans après sa sortie initiale. Ce long-métrage, présenté au Festival de Cannes en 1975 et sorti en salles en France en 1976, est longtemps resté un secret bien gardé parmi les cinéphiles.

L'œuvre, d'une durée de 3 heures et 20 minutes, relate le quotidien répétitif d'une femme au foyer, interprétée par Delphine Seyrig, qui se prostitue en fin de journée. Le film se distingue par son style minimaliste et contemplatif, utilisant principalement des plans fixes pour capturer la routine de son personnage principal.

Chantal Akerman, née en 1950 et décédée en 2015, est considérée comme une pionnière du cinéma expérimental. Elle a commencé sa carrière de cinéaste à l'âge de 18 ans et a réalisé de nombreux films, documentaires et installations vidéo au cours de sa vie. "Jeanne Dielman" est généralement considéré comme son chef-d'œuvre.

Malgré sa sortie confidentielle en 1976, coïncidant avec celle des "Dents de la mer" de Steven Spielberg, le film a progressivement gagné en reconnaissance. Il a influencé de nombreux cinéastes, dont Gus Van Sant et Alice Diop, et est aujourd'hui célébré pour son approche féministe et novatrice du cinéma.

Le Jeu de Paume, musée d'art contemporain à Paris, présente actuellement une vaste rétrospective de l'œuvre d'Akerman. Cette exposition offre l'opportunité de redécouvrir "Jeanne Dielman" et d'explorer l'ensemble de la carrière de la réalisatrice belge.

"Le sentiment bouleversant de voir un film comme personne n'en avait réalisé avant."

Laura Mulvey, critique de cinéma britannique

Cette citation de Laura Mulvey, à l'origine du concept de "male gaze", souligne l'impact révolutionnaire du film lors de sa première projection au festival d'Edimbourg en 1975.

Le film, tourné en 35mm avec un budget limité, a été financé en partie par le Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a été restauré et numérisé en 2009 par la Cinémathèque Royale de Belgique, permettant à une nouvelle génération de spectateurs de découvrir cette œuvre majeure du cinéma féministe.

L'héritage de Chantal Akerman s'étend bien au-delà de "Jeanne Dielman". Elle a réalisé d'autres films notables tels que "La Captive" (2000) et "Demain on déménage" (2004), collaborant notamment avec l'actrice Sylvie Testud.

La redécouverte de "Jeanne Dielman" et la rétrospective au Jeu de Paume témoignent de l'importance croissante accordée à l'œuvre d'Akerman dans l'histoire du cinéma. Son style unique et sa perspective féministe continuent d'inspirer et d'influencer les cinéastes contemporains, assurant ainsi la pérennité de son héritage artistique.

Verney Austin