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La Corée du Nord : un défi ignoré dans la course présidentielle américaine

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La Corée du Nord, absente des débats électoraux américains, révèle un nouveau site d'enrichissement d'uranium. Pyongyang cherche à rétablir un rapport de force avec Washington malgré l'échec des négociations passées.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC), communément appelée Corée du Nord, se trouve largement ignorée dans la campagne présidentielle américaine actuelle. Ni Kamala Harris ni Donald Trump n'ont jusqu'à présent abordé la question nord-coréenne dans leurs programmes respectifs. Cette omission survient malgré la récente révélation d'un nouveau site ultramoderne d'enrichissement d'uranium à Kangsong, à l'ouest de Pyongyang, visité par le dirigeant Kim Jong-un.

Cette annonce rappelle la montée en puissance continue du programme nucléaire nord-coréen, qui a débuté dans les années 1950 et a connu son premier essai nucléaire en 2006. Depuis, la RPDC a considérablement développé ses capacités, notamment en matière de missiles balistiques intercontinentaux capables d'atteindre le territoire américain.

Le régime de Pyongyang semble vouloir influencer les élections américaines, mais sans grande illusion. Selon Robert Carlin, expert de la Corée du Nord, les dirigeants nord-coréens sont convaincus que les États-Unis n'accepteront jamais la RPDC comme une entité légitime, quel que soit le président en place. Cette conviction fait suite à l'échec des pourparlers entre Kim Jong-un et Donald Trump à Singapour en 2018 et à Hanoï en 2019.

"Nous devons nous préparer à une longue confrontation avec les États-Unis"

Kim Jong-un a déclaré

Cette déclaration souligne la détermination de Pyongyang à maintenir son programme nucléaire, malgré les sanctions internationales. En effet, la "stratégie de la patience" prônée par l'administration Obama et poursuivie par Joe Biden, misant sur les sanctions pour dissuader la Corée du Nord, s'est avérée inefficace.

La RPDC a adopté une politique d'autosuffisance appelée "Juche", qui lui permet de résister aux pressions extérieures. Le pays possède l'une des plus grandes armées permanentes du monde et a développé son propre système d'exploitation informatique, "Red Star OS", illustrant sa volonté d'indépendance technologique.

Le changement de cap de la stratégie nord-coréenne a été favorisé par l'arrivée au pouvoir en Corée du Sud du président conservateur Yoon Suk-yeol en mars 2022. Pyongyang ne compte plus sur Séoul comme intermédiaire avec Washington, contrairement à l'époque de Moon Jae-in (2017-2022), qui avait facilité les sommets entre Trump et Kim.

Cette évolution a conduit à une détérioration brutale des relations inter-coréennes. La Corée du Sud est passée du statut de "pays frère" à celui de "principal ennemi" de la RPDC, mettant fin à la politique de rapprochement initiée en juin 2000 lors de la rencontre historique entre Kim Dae-jung et Kim Jong-il à Pyongyang.

Il est important de noter que les deux Corées sont techniquement toujours en guerre depuis 1953, leur frontière étant l'une des plus militarisées au monde. Malgré cela, la Corée du Nord maintient des relations diplomatiques avec plus de 160 pays et participe occasionnellement aux Jeux Olympiques.

En conclusion, la question nord-coréenne reste un défi majeur pour la politique étrangère américaine, indépendamment du résultat des élections à venir. La RPDC, avec son système politique de parti unique et son culte de la personnalité autour de la famille Kim, continue de développer ses capacités nucléaires tout en gérant une économie isolée, marquée par une famine dévastatrice dans les années 1990 mais aussi par un taux d'alphabétisation proche de 100% et d'importantes ressources en terres rares.

Angelique Labbé

Économie