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JO 2024 : La vidéosurveillance algorithmique jugée efficace, prolongation envisagée

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Le préfet de police de Paris plaide pour la prolongation de la vidéosurveillance algorithmique après son utilisation réussie lors des JO 2024. Cette technologie, limitée à la détection d'anomalies, soulève des questions éthiques.

L'utilisation expérimentale de la vidéosurveillance algorithmique lors des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de l'été 2024 à Paris a été jugée positive par les autorités. Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, a exprimé son souhait de prolonger cette expérience lors d'une audition devant la commission des lois de l'Assemblée nationale le 25 septembre 2024.

Cette technologie, qui utilise l'intelligence artificielle pour analyser les images de vidéosurveillance, a été déployée sur une dizaine de sites pendant les JOP. Son utilisation a été particulièrement intensive lors des Jeux paralympiques, notamment pendant la cérémonie d'ouverture. Le système a été conçu pour détecter des comportements ou événements prédéfinis comme "anormaux", tels que des objets abandonnés, des chutes ou des mouvements de foule.

Il est important de noter que cette technologie s'inscrit dans une longue histoire de la vidéosurveillance, qui remonte aux années 1940. Depuis, les systèmes ont considérablement évolué, passant de simples caméras à des réseaux complexes utilisant l'intelligence artificielle. En 2020, on estimait qu'il y avait environ 770 millions de caméras de surveillance dans le monde, la Chine possédant le plus grand réseau.

Laurent Nuñez a souligné que l'objectif n'était pas de procéder à des interpellations directes, mais plutôt de servir d'outil d'aide à la décision pour les opérateurs. Aucune interpellation n'a été effectuée sur la base des alertes générées par le système pendant les JOP.

"Je n'ai pas connaissance que nous en ayons fait. Ce n'était pas le but. Le but était de détecter un flux ou un mouvement anormal. Et, en ce sens, c'est un outil d'aide très utile. Je ne demande pas plus."

Laurent Nuñez, préfet de police de Paris

Le préfet a également argumenté en faveur de l'extension de l'utilisation de cette technologie pour des événements de moindre envergure, tels que des manifestations sportives ou culturelles isolées, où les ressources humaines sur le terrain sont plus limitées que lors des JOP.

Il est crucial de rappeler que l'expérimentation actuelle, autorisée par une loi adoptée en mai 2023, est limitée dans le temps jusqu'au 31 mars 2025. Elle exclut explicitement toute forme de reconnaissance faciale, une technologie qui soulève des préoccupations éthiques importantes.

L'utilisation de la vidéosurveillance algorithmique soulève des questions sur l'équilibre entre sécurité et respect de la vie privée. En France, la CNIL joue un rôle crucial dans la régulation de ces technologies, tandis que le RGPD européen impose des restrictions strictes sur l'utilisation des données collectées.

Alors que certains pays, comme la Suède, ont adopté des lois très strictes sur la vidéosurveillance publique, d'autres, comme le Royaume-Uni, l'ont largement déployée. Londres, par exemple, compte plus de 500 000 caméras de surveillance.

La décision finale concernant la prolongation de l'utilisation de la vidéosurveillance algorithmique en France reviendra au gouvernement. Cette décision devra prendre en compte non seulement les avantages en termes de sécurité, mais aussi les implications éthiques et juridiques d'une telle technologie dans une société démocratique.

Verney Austin

Politique