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Herbert Kickl : le leader d'extrême droite qui défie l'Autriche

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Herbert Kickl, chef du FPÖ, mène une campagne controversée pour les élections législatives autrichiennes. Son programme radical et ses liens avec l'extrême droite suscitent l'inquiétude.

Dans le paysage politique autrichien, Herbert Kickl, chef du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), se démarque par sa stratégie de campagne peu conventionnelle pour les élections législatives du 29 septembre 2024. Âgé de 55 ans, cet homme politique d'extrême droite, favori des sondages avec environ 27% des intentions de vote, a choisi de privilégier les médias alternatifs au détriment des canaux traditionnels.

Le 14 septembre 2024, Kickl a accordé une interview d'une heure à AUF1, une WebTV connue pour ses positions complotistes. Cette plateforme, fondée pendant la pandémie de Covid-19, est devenue un vecteur influent de théories antivax, prorusses et anti-immigration dans l'espace germanophone. Ce choix médiatique reflète la stratégie de Kickl visant à toucher directement sa base électorale.

Lors de cette interview, le leader du FPÖ a défendu le rôle des "ONG patriotiques" dans la "libération" de l'Autriche de ce qu'il appelle "la domination du cartel des élites autoproclamées". Bien qu'il n'ait pas explicitement mentionné le mouvement identitaire, ses propos semblent clairement adressés aux partisans de la théorie du "grand remplacement".

Le programme politique de Kickl est axé sur des mesures radicales en matière d'immigration. Il propose de transformer l'Autriche, pays de 9 millions d'habitants, en une "forteresse" où "le droit d'asile sera stoppé". Il prône également la "remigration" pour rendre à l'Autriche "l'homogénéité de son peuple". Ces positions s'inscrivent dans un contexte où l'Autriche a connu une forte croissance de l'immigration depuis les années 1990 et a été au centre de la crise migratoire européenne de 2015.

La proximité de Kickl avec les mouvements identitaires n'est pas nouvelle. En 2021, peu après son accession à la tête du FPÖ, il a autorisé l'adhésion des identitaires au parti, contrairement à la politique de ses prédécesseurs. Il a qualifié ce mouvement de "simple ONG de droite" dont "le projet est intéressant et digne d'être soutenu".

Cette position contraste avec l'histoire multiculturelle de l'Autriche, qui remonte à l'époque de l'Empire austro-hongrois. Le pays, qui a rejoint l'Union européenne en 1995, a une longue tradition démocratique et de protection sociale. Cependant, depuis les années 1990, l'Autriche a également connu une montée du populisme de droite.

Le FPÖ, fondé en 1956 par d'anciens nazis et des nationalistes pangermaniques, a déjà participé à des gouvernements de coalition en 2000-2005 et 2017-2019. Durant cette dernière période, Kickl a occupé le poste de ministre de l'Intérieur, où il aurait fait pression pour réduire la surveillance des activités des groupes identitaires.

La campagne de Kickl soulève des questions sur l'avenir de la politique autrichienne et européenne. Alors que l'Autriche a une tradition de coalition gouvernementale, l'éventuelle victoire du FPÖ pourrait avoir des implications significatives pour la politique du pays en matière d'immigration, d'asile et de relations internationales.

"Nous devons libérer [le pays] de la domination du cartel des élites autoproclamées."

Herbert Kickl, lors de son interview sur AUF1

Cette élection législative s'annonce comme un moment crucial pour l'Autriche, testant l'équilibre entre sa tradition démocratique et la montée des mouvements populistes. Le résultat pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières autrichiennes, influençant potentiellement les débats sur l'identité nationale et l'intégration des immigrés dans toute l'Europe.

Verney Austin

Politique