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Harris change de cap sur le fracking : un virage stratégique

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Kamala Harris, candidate démocrate à la présidence, abandonne son opposition au fracking. Ce revirement, lié aux enjeux électoraux en Pennsylvanie, souligne l'équilibre délicat entre économie et environnement.

Dans un contexte électoral tendu, Kamala Harris, candidate démocrate à la présidence des États-Unis, a opéré un revirement significatif concernant sa position sur le fracking. Cette technique d'extraction de gaz et de pétrole, controversée pour ses impacts environnementaux, est devenue un enjeu crucial de la campagne présidentielle de 2024.

Le 29 août 2024, lors d'une interview sur CNN, Harris a déclaré : "En tant que vice-présidente, je n'ai pas banni le fracking ; en tant que présidente, je ne bannirai pas le fracking." Cette affirmation marque un changement radical par rapport à sa position de fin 2019, lorsqu'elle prônait une interdiction totale de cette pratique.

Ce revirement s'explique en grande partie par l'importance stratégique de la Pennsylvanie, deuxième plus grand producteur de gaz naturel aux États-Unis et État-clé pour remporter l'élection présidentielle. Harris justifie sa nouvelle position en affirmant qu'une interdiction n'est pas nécessaire pour atteindre les objectifs environnementaux : "Nous pouvons croître et développer une économie florissante basée sur l'énergie propre sans interdire la fracturation hydraulique."

La candidate met en avant son rôle dans l'adoption de l'Inflation Reduction Act (IRA) à l'été 2022, la plus grande loi sur le climat de l'histoire américaine. Cependant, l'adoption de ce texte doit beaucoup au sénateur Joe Manchin, dont le soutien a été obtenu en échange de concessions sur des projets énergétiques.

Il est intéressant de noter que le sujet du climat a été largement absent de la convention démocrate de Chicago. Cette omission reflète les difficultés rencontrées par les démocrates sur les questions environnementales. Les mesures prises par l'administration Biden, comme l'interdiction du pipeline Keystone XL et la restriction des permis de forage sur les terres fédérales, ont coïncidé avec une hausse significative des prix du carburant, atteignant plus de 5 dollars le gallon en juin 2022.

"Mes valeurs n'ont pas changé"

Kamala Harris, sur CNN

Cette déclaration de Harris illustre la complexité de concilier les engagements environnementaux avec les réalités économiques et politiques. Le débat sur le fracking divise profondément le Parti démocrate, reflétant les tensions entre les objectifs de transition énergétique et les préoccupations économiques locales.

La position actuelle de Harris s'aligne sur une tendance croissante aux États-Unis, incarnée notamment par John Kerry, ancien envoyé pour le climat de Joe Biden. Cette approche mise sur la science et la technologie pour résoudre la crise climatique, dans un pays où le concept de sobriété énergétique reste peu répandu.

Le revirement de Harris sur le fracking souligne l'équilibre délicat que doivent trouver les candidats entre les enjeux environnementaux et les réalités économiques locales. Alors que l'industrie du fracking emploie des centaines de milliers d'Américains, les opposants continuent de mettre en garde contre les risques environnementaux et sanitaires associés à cette pratique.

À l'approche de l'élection du 5 novembre 2024, la question énergétique reste un sujet brûlant, illustrant les défis auxquels font face les États-Unis dans leur transition vers une économie plus verte, tout en maintenant leur indépendance énergétique et leur compétitivité économique.

Nicolette Mathieu

Économie