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Guadeloupe : Le défi de l'autosuffisance alimentaire face aux prix élevés

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En Guadeloupe, les produits locaux restent chers malgré la production locale. L'archipel, dépendant des importations, fait face à un déclin agricole et cherche des solutions pour sa souveraineté alimentaire.

En Guadeloupe, archipel français des Caraïbes, le coût élevé des produits alimentaires locaux soulève des questions sur l'autosuffisance alimentaire et l'avenir de l'agriculture. Malgré une production locale, les prix des fruits et légumes restent prohibitifs pour de nombreux consommateurs.

Irma Jean-Louis, vendeuse sur le marché de Gourdeliane à Baie Mahaut, explique :

« C'est lié au coût de la vie chez nous. Les engrais, les intrants sont très chers. Et on subit de plein fouet le changement climatique, on perd des récoltes. »

Cette situation reflète les défis auxquels l'agriculture guadeloupéenne est confrontée, notamment le changement climatique et les coûts élevés des intrants agricoles. La Guadeloupe, connue pour sa riche biodiversité et son Parc national qui protège une partie importante de son écosystème, voit son secteur agricole décliner.

Les statistiques agricoles révèlent une diminution du nombre d'exploitations entre 2010 et 2020, particulièrement les petites structures dédiées à la diversification. Cette tendance affecte la production destinée aux marchés locaux, qui a enregistré une baisse annuelle de 3 000 à 4 000 tonnes entre 2009 et 2018.

L'archipel, historiquement marqué par les cultures d'exportation comme la banane et la canne à sucre, peine à atteindre la souveraineté alimentaire. Malgré l'octroi de mer, une taxe spécifique aux départements d'outre-mer visant à protéger la production locale, la dépendance aux importations persiste.

Face à ces défis, des solutions innovantes émergent. L'Institut national de la recherche agronomique étudie un modèle de microferme expérimentale, inspiré du jardin créole traditionnel et basé sur les principes de la permaculture. Ce modèle vise à concilier production, rentabilité et pouvoir d'achat, tout en offrant une meilleure résilience face aux événements climatiques extrêmes.

Cette approche pourrait également contribuer à résoudre les problèmes de pollution des sols, notamment liés au chlordécone, auxquels l'agriculture guadeloupéenne est confrontée. De plus, elle s'inscrit dans une perspective de développement durable, essentielle pour l'avenir de l'île qui fait face à des menaces comme la montée des eaux due au changement climatique.

L'enjeu est de taille pour la Guadeloupe, dont l'économie dépend largement des importations et du tourisme. Réussir la transition vers une plus grande autosuffisance alimentaire pourrait non seulement améliorer la sécurité alimentaire de l'île, mais aussi préserver son patrimoine agricole unique, comme le jardin créole, et renforcer sa résilience face aux défis futurs.

Mercer Bergeron

Économie