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Guadeloupe : Extension du couvre-feu pour mineurs face aux violences urbaines

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Le préfet de Guadeloupe élargit le couvre-feu pour mineurs à neuf nouveaux secteurs suite aux récentes violences. Des pillages et barrages sont signalés, avec des arrestations en cours.

En Guadeloupe, département et région d'outre-mer français situé dans les Caraïbes, les autorités ont pris des mesures drastiques face à une recrudescence des violences urbaines. Le préfet Xavier Lefort a annoncé le 24 septembre 2024 une extension du couvre-feu pour les mineurs non accompagnés, initialement instauré la veille, à neuf nouveaux secteurs des communes de Capesterre-Belle-Eau et du Lamentin.

Cette décision intervient dans un contexte tendu, marqué par des incidents qui ont débuté le 18 septembre 2024. L'arrêté préfectoral fait état de barricades, de barrages routiers et d'incendies de radars. Les forces de l'ordre ont été la cible de jets de pierres et de cocktails Molotov, illustrant la gravité de la situation dans cette île d'environ 400 000 habitants.

La procureure de la République de Pointe-à-Pitre, Caroline Calbo, a révélé qu'une enquête était en cours concernant le pillage de quatre magasins à Sainte-Rose. Depuis le début des troubles, cinq mineurs ont été interpellés dans la zone de Pointe-à-Pitre, ainsi qu'un jeune adulte de 18 ans surpris près d'un barrage avec un produit inflammable. Ce dernier a accepté de plaider coupable et s'est vu imposer 140 heures de travail d'intérêt général.

Les autorités judiciaires ont opté pour des "réponses pénales pédagogiques" adaptées à l'âge des jeunes impliqués, incluant des travaux d'intérêt général et la confiscation des téléphones portables utilisés pour organiser les troubles via des groupes WhatsApp.

Il est important de noter que ces événements surviennent dans un territoire qui a connu une histoire complexe, marquée par l'esclavage et la colonisation. La Guadeloupe, découverte par Christophe Colomb en 1493, n'est devenue département français qu'en 1946. Aujourd'hui, l'île fait face à des défis économiques et sociaux considérables, notamment un taux de chômage élevé, ce qui pourrait expliquer en partie les tensions actuelles.

Fait intéressant, aucune revendication claire n'a été associée à ces violences urbaines en Guadeloupe. Cette situation contraste avec celle de la Martinique, située à moins de 200 kilomètres au sud, où des scènes similaires se déroulent mais dans le cadre d'une mobilisation contre la vie chère.

Le couvre-feu, qui s'étend de 22 heures à 5 heures du matin, devrait rester en vigueur jusqu'au 28 septembre 2024 à 5 heures. Cette mesure exceptionnelle vise à rétablir l'ordre dans un archipel qui, habituellement, est davantage connu pour son parc national abritant le volcan actif de la Soufrière, sa riche biodiversité et son carnaval, événement culturel majeur.

"Compte tenu des violences urbaines commises depuis le 18 septembre, le couvre-feu est applicable jusqu'au 28 septembre 2024 à 05 heures."

Déclaration du préfet Xavier Lefort

Alors que la Guadeloupe tente de faire face à ces troubles, il est crucial de rappeler que l'île, composée de deux îles principales, Grande-Terre et Basse-Terre, ainsi que de plusieurs îles satellites, reste un territoire aux multiples atouts. Son statut de Région Ultrapériphérique de l'Union Européenne, sa production de rhum renommée et sa position stratégique dans les Caraïbes en font un lieu d'importance tant sur le plan économique que culturel.

Les autorités espèrent que ces mesures permettront de ramener le calme dans cette région où le créole guadeloupéen côtoie le français, et où la mangrove joue un rôle écologique crucial. L'enjeu est de taille pour préserver l'harmonie sociale et le développement économique de ce joyau des Antilles françaises.

Verney Austin

Politique