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Frappe israélienne à Beyrouth : escalade des tensions et déplacements massifs

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Une attaque israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth fait de nombreuses victimes. L'insécurité croissante provoque des déplacements de population, tandis que les tensions s'intensifient entre Israël et le Hezbollah.

Le 22 septembre 2024, la banlieue sud de Beyrouth, connue sous le nom de Dahieh, porte encore les stigmates de la récente frappe israélienne. Deux jours plus tôt, une attaque ciblée contre le commandement de l'unité d'élite du Hezbollah a fait au moins 52 victimes, dont des civils. Cette escalade marque une nouvelle étape dans le conflit qui oppose Israël au Liban depuis 1948.

Le quartier de Jamous, théâtre de l'attaque, reste bouclé par les forces du Hezbollah. L'odeur âcre de la destruction persiste tandis que les bulldozers s'activent pour déblayer les décombres. Un immeuble s'est effondré sous l'impact de quatre missiles, faisant craindre une augmentation du bilan des victimes. Neuf personnes sont toujours portées disparues.

Cette frappe s'inscrit dans une série d'attaques récentes, marquant une intensification des hostilités qui durent depuis près d'un an à la frontière libano-israélienne. La violence a désormais atteint les portes de Beyrouth, capitale d'un pays déjà fragilisé par une crise économique sans précédent depuis 2019.

"Notre ennemi [Israël] ne respecte aucune règle. S'ils veulent tuer des combattants, qu'ils le fassent sur la ligne de front."

Chadi Fares, un habitant de la région, témoigne

L'insécurité grandissante provoque des mouvements de population importants. Le Dr Kamel Mehanna, président de l'association Amel, observe : "Il y a désormais une guerre au Liban, on ne peut plus le nier, avec des destructions chaque jour." Depuis octobre 2023, plus de 100 000 personnes ont quitté leurs foyers dans le sud du pays.

Le Liban, qui accueille déjà le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, fait face à un nouveau défi humanitaire. La banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah et zone densément peuplée, voit sa population fluctuer au gré des dangers perçus. Après une frappe en juillet 2024, 30% des habitants avaient déjà quitté la zone.

Cette situation tendue s'ajoute aux nombreux défis auxquels le Liban est confronté. Le pays, connu pour sa riche histoire et sa cuisine méditerranéenne, lutte pour maintenir sa stabilité dans un contexte régional complexe. Le système politique basé sur un partage confessionnel du pouvoir peine à répondre efficacement à ces crises multiples.

Alors que le Mont Liban, symbole de la résilience du pays, domine toujours le paysage, les Libanais font preuve d'une adaptabilité remarquable face à l'adversité. La diaspora libanaise, estimée à plus de 12 millions de personnes dans le monde, suit avec inquiétude l'évolution de la situation.

L'escalade actuelle ravive les souvenirs douloureux de la guerre civile (1975-1990) et de l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020. La communauté internationale, y compris la FINUL présente depuis 1978, est appelée à jouer un rôle crucial pour éviter une nouvelle détérioration de la situation.

Face à ces défis, le Liban s'efforce de préserver son patrimoine, dont le site de Baalbek classé à l'UNESCO, tout en naviguant dans les eaux troubles d'un conflit qui menace de s'étendre. L'avenir du pays du Cèdre reste incertain, suspendu entre l'espoir d'une résolution pacifique et la crainte d'une escalade incontrôlée.

Angelique Labbé

Politique