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Française condamnée à 9 ans de prison pour liens avec des groupes djihadistes

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Une femme de 34 ans a été condamnée à Paris pour avoir rejoint des organisations terroristes en Syrie. Son parcours illustre la complexité du phénomène de radicalisation et les défis judiciaires associés.

Le 28 septembre 2024, la cour d'assises spéciale de Paris a rendu son verdict dans une affaire emblématique de la lutte antiterroriste française. Farrah Zerari, une femme de 34 ans, a été condamnée à 9 ans de prison pour sa participation à une association de malfaiteurs terroriste. Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de jugements similaires en France, Farrah Zerari étant la vingtième femme condamnée pour ce type de faits depuis 2012.

Le parcours de Farrah Zerari illustre la complexité du phénomène de radicalisation. Originaire de la région lyonnaise, elle a connu une adolescence marquée par des difficultés familiales et un déménagement à Londres au début des années 2000. C'est dans cette ville, alors surnommée "Londonistan" en raison de la présence de prédicateurs radicaux, que Farrah Zerari s'est tournée vers un islam rigoriste.

Entre 2013 et 2021, Farrah Zerari a effectué trois séjours en Syrie, entrecoupés de passages en Turquie, à Dubaï et au Qatar. Ces voyages coïncident avec la montée en puissance de groupes djihadistes comme l'État islamique (EI) et le Front al-Nosra dans le contexte de la guerre civile syrienne qui dure depuis 2011.

Au cours de ses séjours en Syrie, Farrah Zerari a contracté deux mariages avec des combattants djihadistes. Son premier époux, Choukri Ellekhlifi, appartenait au Front al-Nosra et aurait côtoyé des membres du tristement célèbre groupe "Beatles" de l'EI, connu pour sa brutalité envers les otages. Son second mari, Youssef Hassouni, aurait combattu pour Daech, l'acronyme arabe de l'État islamique.

Lors de son procès, Farrah Zerari a reconnu avoir été radicalisée à un moment de sa vie, tout en niant avoir adhéré à l'idéologie djihadiste. Elle a affirmé : "Je n'entendais pas la guerre", tentant de minimiser sa connaissance des combats. Cependant, les enquêteurs ont mis en évidence ses recherches en ligne sur la participation des femmes au jihad et la mort en martyr.

"A un moment de ma vie, j'ai été radicalisée, mais je n'ai jamais adhéré à l'idéologie jihadiste."

Déclaration de Farrah Zerari lors du procès

Cette affaire soulève des questions importantes sur le processus de radicalisation, le rôle des réseaux sociaux dans le recrutement de combattants étrangers, et les défis posés par le retour des "foreign fighters" dans leurs pays d'origine. La France, comme d'autres nations occidentales, a dû adapter son système judiciaire et mettre en place des programmes de déradicalisation pour faire face à cette menace.

La condamnation de Farrah Zerari à 9 ans de prison, assortie d'une période de sûreté, reflète la sévérité avec laquelle la loi française punit la participation à une entreprise terroriste. Cette décision s'inscrit dans une stratégie plus large visant à dissuader les départs vers les zones de conflit et à prévenir la propagation de l'idéologie extrémiste sur le sol français.

Nicolette Mathieu

Politique