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Enquêtes contre un journaliste français au Sahel : liberté de presse menacée

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Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ouvrent des enquêtes contre Wassim Nasr de France 24, l'accusant de soutenir le terrorisme. Cette action soulève des inquiétudes quant à la liberté de la presse dans la région.

Dans une démarche controversée, les autorités judiciaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont annoncé l'ouverture d'enquêtes distinctes à l'encontre de Wassim Nasr, journaliste de France 24. Ces investigations, révélées le 25 septembre 2024, accusent le reporter spécialisé dans les mouvements djihadistes de soutenir les actions terroristes au Sahel.

Cette région, située entre le désert du Sahara et la savane soudanienne, fait face à de nombreux défis, notamment la propagation du djihadisme, un mouvement islamiste radical prônant la guerre sainte. Les trois pays concernés, qui forment depuis 2023 la confédération des États du Sahel, luttent contre des groupes affiliés à Al-Qaida, une organisation terroriste fondée en 1988 par Oussama ben Laden.

Les parquets des trois nations alléguent que les analyses et commentaires de Nasr s'apparentent à "des actes de publicité et de soutien flagrant aux terroristes". Ils citent notamment ses interventions suite à une double attaque à Bamako en septembre 2024 et à un incident à Djibo, au nord du Burkina Faso, en novembre 2023.

Les accusations portent sur "l'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, la complicité d'acte terroriste et l'apologie du terrorisme". Les autorités reprochent au journaliste d'avoir des contacts avec des groupes djihadistes, qui lui fourniraient des informations sur leurs opérations.

Cette situation s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre ces pays et la France. Depuis 2020, des juntes militaires ont pris le pouvoir dans ces trois nations, rompant avec Paris et se tournant vers de nouveaux partenaires, dont la Russie. Cette dernière a accru son influence en Afrique ces dernières années, notamment via le groupe Wagner, une société militaire privée.

La liberté de la presse, un droit fondamental reconnu par la Déclaration universelle des droits de l'homme, semble de plus en plus menacée dans la région. Les autorités ont suspendu plusieurs médias français, dont France 24 et Radio France Internationale (RFI), deux chaînes créées respectivement en 2006 et 1975. De nombreux journalistes étrangers ont été contraints à l'exil ou au silence.

"Ces procédures judiciaires marquent une étape supplémentaire dans les entraves à la liberté de la presse dont sont victimes les confrères locaux et les médias internationaux dans cette zone, qualifiée de 'trou noir de l'information' par Reporters sans frontières dans un rapport publié en novembre 2023"

France 24 dénonce

Cette situation préoccupante s'ajoute aux multiples défis auxquels fait face le Sahel, tels que le changement climatique, la désertification et la pauvreté. Le Niger, par exemple, est classé dernier sur l'Indice de développement humain en 2021. Ces problèmes contribuent à l'instabilité régionale et à l'augmentation des flux migratoires vers l'Europe.

L'Alliance des États du Sahel (AES), créée pour renforcer la coopération militaire entre les trois pays, semble privilégier une approche répressive envers les médias critiques. Cette stratégie risque d'entraver la couverture objective des événements dans une région déjà qualifiée de "trou noir de l'information" par Reporters sans frontières, une ONG internationale fondée en 1985.

Face à ces défis, la communauté internationale observe avec inquiétude l'évolution de la situation au Sahel. La liberté de la presse, essentielle à la démocratie et au développement, se trouve plus que jamais menacée dans cette région stratégique de l'Afrique.

Nicolette Mathieu

Politique