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Débat sur l'AME : Retailleau provoque des remous au sein du gouvernement

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Le nouveau ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, souhaite réformer l'Aide Médicale de l'État, suscitant des réactions diverses au sein du gouvernement. Ce dispositif de santé publique reste un sujet de controverse.

Le 23 septembre 2024, Bruno Retailleau a pris ses fonctions de ministre de l'intérieur, marquant un tournant potentiel dans la politique d'immigration française. Dès son arrivée, il a exprimé son intention de réformer l'Aide Médicale de l'État (AME), un dispositif créé en 2000 pour offrir une couverture santé aux étrangers en situation irrégulière.

L'AME, qui bénéficiait à environ 450 000 personnes fin 2023, avec un budget d'environ 1 milliard d'euros, est depuis longtemps un sujet de débat politique. Ce dispositif couvre 100% des frais médicaux et hospitaliers pour les personnes résidant en France depuis au moins 3 mois et gagnant moins de 10 000 euros par an.

Bruno Retailleau a déclaré sur TF1 : « Je ne veux pas que la France soit le pays le plus attractif d'Europe pour un certain nombre de prestations sociales, d'accès aux soins ». Cette position reflète une volonté de réduire ce qu'il perçoit comme un facteur d'attraction pour l'immigration irrégulière.

Cependant, cette déclaration a suscité des réactions diverses au sein du gouvernement. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, a rapidement réagi en soulignant l'importance de l'AME comme « dispositif de santé publique ». Cette divergence d'opinions illustre les tensions potentielles au sein de l'exécutif sur cette question sensible.

Il est important de noter que l'AME ne donne pas accès à une carte Vitale et ne couvre pas certains services comme les cures thermales. Les bénéficiaires peuvent être soumis à un contrôle médical et l'aide peut être suspendue en cas de fraude.

Le débat sur l'AME n'est pas nouveau. À l'automne 2023, lors des discussions sur le projet de loi « immigration », la droite sénatoriale avait tenté de supprimer ce dispositif. Une mission d'évaluation, confiée à Claude Evin et Patrick Stefanini, avait conclu le 4 décembre 2023 à « l'utilité sanitaire » de l'AME, mettant en garde contre les risques sanitaires liés à sa suppression.

« [La suppression de l'AME] aurait pour triple impact une dégradation de l'état de la santé des personnes concernées, des conséquences possibles sur la santé publique et une pression accentuée sur les établissements de santé. »

Conclusions de la mission d'évaluation sur l'AME

La position de Bruno Retailleau sur l'AME pourrait bénéficier du soutien du Premier ministre, Michel Barnier, qui avait précédemment défendu la suppression de ce dispositif. Cependant, d'autres membres du gouvernement, comme la ministre de la santé Geneviève Darrieussecq, pourraient s'y opposer, ayant précédemment signé une tribune en faveur de l'AME.

Ce débat met en lumière les complexités de la gestion de l'immigration et de la santé publique. L'AME, gérée par l'Assurance Maladie, joue un rôle crucial dans l'accès aux soins pour une population vulnérable, tout en soulevant des questions sur son impact sur l'attractivité de la France pour l'immigration irrégulière.

Verney Austin

Politique