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Crise financière : 40% des universités britanniques en déficit d'ici 2024

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Les universités britanniques font face à une crise financière majeure. Endettement, baisse des revenus et gel des frais d'inscription entraînent des mesures drastiques, menaçant la qualité de l'enseignement supérieur.

Le système universitaire britannique, l'un des plus anciens et prestigieux au monde, traverse actuellement une crise financière sans précédent. Selon l'Office for Students, l'organisme de régulation de l'enseignement supérieur créé en 2018, 40% des universités du Royaume-Uni seront en déficit d'ici 2024. Cette situation alarmante met en péril la qualité de l'enseignement et la recherche dans un pays qui a produit plus de 100 lauréats du prix Nobel.

Les causes de cette crise sont multiples. Jamie Arrowsmith, directeur de Universities UK International, explique : « Les institutions ont emprunté massivement pour financer des investissements lorsque les taux d'intérêt étaient bas ». Aujourd'hui, avec la hausse des taux, ces dettes deviennent difficiles à honorer. De plus, les frais d'inscription, principale source de revenus des universités, sont gelés à 9 250 livres par an depuis 2017, malgré une forte inflation.

Face à cette situation, les universités multiplient les mesures d'économie. John Rushforth, expert en gouvernance universitaire, révèle : « Environ 70 universités ont procédé à des licenciements. Des cours sont supprimés, voire des départements entiers ». Les universités de Sheffield Hallam et de Portsmouth, fondées respectivement en 1843 et 1992, ont annoncé que 400 postes sont menacés. L'Université de Coventry, dont les origines remontent à 1843, prévoit des coupes budgétaires de près de 100 millions de livres d'ici 2026.

L'Université de Kingston, fondée en 1899, illustre parfaitement ces défis. Steven Spier, son vice-chancelier, explique : « Nous avons dû nous demander quels cursus sont les plus susceptibles d'attirer des étudiants et nous démarquer de la concurrence. Cela nous a obligés à supprimer certains d'entre eux, comme la géologie ». Au total, l'institution a supprimé soixante-dix cours ces dernières années, principalement dans les sciences humaines et sociales.

Pour compenser la baisse des revenus, estimée à 30% depuis 2017, les universités britanniques misent sur les étudiants internationaux. Le Royaume-Uni en accueille environ 600 000 chaque année, et les frais qui leur sont facturés sont nettement plus élevés. Par exemple, une licence de médecine à l'Université de Cambridge coûte 67 000 livres par an pour les non-résidents britanniques.

Cette crise soulève des inquiétudes quant à l'avenir de l'enseignement supérieur britannique. Le système de notation par "honours degrees" et les "sandwich courses", qui ont fait la réputation des universités britanniques, pourraient être menacés. De plus, la suppression de certaines disciplines, comme la géologie à Kingston, risque d'appauvrir l'offre éducative.

« Trois à quatre institutions risquent même la faillite de façon imminente »

University and College Union

Alors que le Russell Group, fondé en 1994, continue de regrouper les 24 universités les plus prestigieuses du pays, l'écart se creuse avec les établissements moins renommés. Cette situation pourrait accentuer les inégalités dans l'accès à l'éducation supérieure, remettant en question le modèle britannique qui a longtemps été une référence mondiale.

Angelique Labbé

Affaires