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Crise du logement social en France : un congrès HLM sous tension

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Le congrès HLM à Montpellier révèle une situation critique du logement social en France. Malgré l'optimisme affiché, les acteurs du secteur font face à des défis sans précédent et appellent à une action gouvernementale urgente.

Le récent congrès HLM, qui s'est tenu à Montpellier du 24 au 26 septembre 2024, a mis en lumière la situation préoccupante du logement social en France. Les acteurs du secteur ont exprimé leur inquiétude face à une crise qui s'aggrave, tout en affichant une détermination à relever les défis.

Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale de l'habitat (USH), a ouvert le congrès en évoquant un "optimisme de la volonté". Cette attitude positive contraste avec la réalité du terrain, où les organismes HLM font face à des difficultés croissantes. Le concept de logement social en France, qui remonte à la fin du 19e siècle, n'a jamais été autant mis à l'épreuve.

Bruno Arcadipane, président d'Action logement, a dressé un constat alarmant : "Le contexte s'est encore dégradé, et fortement hélas depuis notre congrès, l'an dernier à Nantes". Il a souligné l'absence de mesures "énergiques" de la part de l'État, malgré les nombreuses alertes lancées par le secteur.

La crise immobilière des deux dernières années a exacerbé les problèmes existants. Avec la hausse des taux d'intérêt bloquant l'accès à la propriété et la raréfaction des locations abordables dans le privé, les demandes de logement social ont atteint un nouveau record. À la mi-2024, elles s'élevaient à 2,7 millions, dont 1,8 million émanant de ménages ne résidant pas encore en HLM.

Face à cette demande croissante, les bailleurs sociaux peinent à répondre. Emmanuelle Cosse a indiqué que le nombre d'attributions en 2024 risque d'être inférieur aux 385 000 de 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19. Cette situation s'explique par une rotation plus faible des locataires et une diminution de la production de nouveaux logements.

"Les agréments de production de logements sociaux en 2024 risquent d'être en-dessous des 82 000 de 2023"

Marianne Louis, directrice générale de l'USH

Cette baisse de production est due à plusieurs facteurs. Le taux du Livret A, qui détermine les conditions d'emprunt pour le logement social, a été porté à 3%. De plus, la cherté du foncier, la hausse des coûts de construction et les difficultés des promoteurs immobiliers compliquent la création de nouveaux logements sociaux.

Il est important de noter que le parc HLM français compte environ 5 millions de logements, représentant 17% des résidences principales. Malgré les efforts de rénovation énergétique et les programmes d'accession sociale à la propriété, le secteur peine à répondre à la demande croissante.

La loi SRU de 2000, qui impose un quota de 20% à 25% de logements sociaux dans certaines communes, n'a pas suffi à enrayer la crise. De même, le Droit au logement opposable (DALO), instauré en 2007, peine à garantir un accès effectif au logement pour tous.

Face à ces défis, les acteurs du logement social appellent à une action gouvernementale forte et urgente. Ils soulignent l'importance de leur mission sociale, rappelant que les HLM bénéficient d'exonérations fiscales en échange de leur rôle crucial dans la société française.

Le congrès HLM de Montpellier a ainsi révélé un secteur en tension, confronté à des défis sans précédent, mais déterminé à poursuivre sa mission essentielle pour garantir l'accès au logement pour tous.

Mercer Bergeron

Économie