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Controverse aux Comores : l'enquête sur la mort d'Ahmed Abdou clôturée

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La justice comorienne a clos l'enquête sur la mort mystérieuse d'Ahmed Abdou, qui avait tenté d'assassiner le président Azali Assoumani. Cette décision soulève des questions sur l'état de droit dans l'archipel.

La récente décision de la justice comorienne de clôturer l'enquête sur la mort d'Ahmed Abdou suscite une vive polémique dans l'archipel de l'océan Indien. Le jeune militaire de 24 ans, qui avait tenté d'assassiner le président Azali Assoumani le 13 septembre 2024, est décédé en détention le lendemain dans des circonstances non élucidées.

Cette affaire met en lumière les défis auxquels font face les Comores, un pays qui a connu plus de 20 coups d'État ou tentatives depuis son indépendance en 1975. Le système judiciaire comorien, basé sur un mélange de droit islamique, français et coutumier, est au cœur de la controverse.

La tentative d'assassinat s'est produite lors des funérailles d'un notable religieux à Salimani Itsandra. Ahmed Abdou, surnommé "Fanou", a légèrement blessé le président au cuir chevelu et à la main. Le mobile de cet acte reste inconnu.

La décision du parquet de Moroni de clore l'enquête sans expliquer les circonstances du décès d'Ahmed Abdou a suscité de vives réactions. L'avocat Fahmi Saïd Ibrahim, ancien ministre de la justice, a déclaré :

"Le procureur déduit qu'il s'agit d'une mort naturelle simplement parce qu'il n'y a pas de blessure visible. Cela ne tient pas debout."

Fahmi Saïd Ibrahim, ancien ministre de la justice

Cette affaire soulève des questions sur l'indépendance de la justice aux Comores, un pays où le taux d'alphabétisation est d'environ 78% et qui fait face à des défis de gouvernance importants.

Des allégations de torture ont émergé, avec un soldat comorien prétendant avoir été témoin de mauvais traitements infligés à Ahmed Abdou. Ce témoin aurait fui en Tanzanie, craignant pour sa sécurité.

Le gouvernement comorien, dirigé par Azali Assoumani depuis sa réélection contestée en janvier 2024, fait face à des accusations de népotisme et d'autoritarisme. Le fils du président, Nour El-Fath Azali, occupe le poste de secrétaire général du gouvernement, tandis qu'un autre fils, Loukman Azali, est chef de groupement de la gendarmerie sur l'île de Grande Comore.

Cette situation reflète les défis auxquels sont confrontées les Comores, un pays de 850 000 habitants dont l'économie dépend fortement des transferts de fonds de la diaspora et de l'agriculture, notamment l'exportation de vanille. Le taux de chômage élevé, particulièrement chez les jeunes, et les problèmes de corruption contribuent aux tensions sociales.

Malgré un riche patrimoine culturel influencé par les cultures africaine, arabe et française, les Comores luttent pour maintenir l'état de droit et la stabilité politique. L'affaire Ahmed Abdou met en évidence la nécessité d'une réforme judiciaire et d'une plus grande transparence dans la gouvernance de l'archipel.

Verney Austin

Politique