Dans le pittoresque village de La Roche-Canillac, en Corrèze, une initiative unique prend forme. L'association Concienta, fondée par Gilles Martin, offre un refuge à une vingtaine d'anciens détenus, leur permettant de se reconstruire loin des contraintes de la vie carcérale.
Depuis février 2024, cette imposante bâtisse en pierre accueille des hommes aux parcours divers, mais unis par leur expérience de l'incarcération. Contrairement à de nombreux centres de réinsertion, Concienta pratique un accueil inconditionnel, accueillant des individus ayant purgé de lourdes peines, luttant contre des addictions ou souffrant de troubles psychiatriques.
La réinsertion des détenus est un enjeu majeur pour réduire la récidive, qui touche environ 40% des ex-détenus dans les cinq ans suivant leur libération en France. Concienta s'attaque à ce problème en offrant un "sas de réadaptation", comme le décrit Marie-Ange Nowak, la déléguée générale de l'association.
L'approche de Concienta est basée sur le respect du rythme de chaque résident. Les premiers temps sont souvent marqués par un repli sur soi, conséquence du choc carcéral qui peut avoir des effets psychologiques durables. Progressivement, les résidents sortent de leur isolement mental et trouvent leur place au sein de la communauté.
Le témoignage de Miloud, 48 ans, illustre l'impact positif de cette approche. Après de multiples allers-retours en prison depuis l'âge de 24 ans, il a trouvé à Concienta un environnement propice à sa réhabilitation. "C'est dans la tête que ça va mieux", confie-t-il, soulignant l'importance du soutien psychologique dans le processus de réinsertion.
La durée moyenne de séjour à Concienta est d'environ quinze mois, ce qui dépasse largement la durée moyenne de détention en France, qui est d'environ 10 mois. Ce temps prolongé permet aux résidents de travailler sur leurs problèmes d'addiction, de suivre des formations professionnelles et de reconstruire des liens sociaux, tous des facteurs clés pour une réinsertion réussie.
L'association utilise diverses approches pour faciliter la réinsertion, notamment la boxe comme thérapie et la cuisine comme moyen de reconstruire un lien avec la société. Ces activités, combinées à un accompagnement personnalisé, visent à réduire les risques de récidive et à surmonter la stigmatisation qui complique souvent la réintégration sociale des anciens détenus.
"Notre approche est basée sur l'accueil inconditionnel et la confiance. Nous offrons aux résidents le temps et l'espace nécessaires pour se reconstruire à leur rythme."
Le succès de Concienta repose en grande partie sur la figure de Gilles Martin, décrit par Miloud comme "un ami, une étoile au-dessus de ma tête". Cette relation de confiance est cruciale pour aider les résidents à surmonter les défis de la réinsertion, qui vont du logement à l'emploi en passant par la reconstruction des liens familiaux.
L'initiative de Concienta s'inscrit dans une tendance plus large en France, où la justice restaurative gagne en importance. En offrant un environnement sûr et bienveillant, l'association contribue à réduire les risques de récidive et à faciliter la réintégration des anciens détenus dans la société, un pas important vers un système pénal plus efficace et humain.