Le Premier ministre Michel Barnier a récemment annoncé la nomination de Clara Chappaz au poste de secrétaire d'État chargée de l'intelligence artificielle et du numérique. Cette décision marque un tournant dans la politique technologique du gouvernement français.
Clara Chappaz, auparavant à la tête de la Mission French Tech, apporte une expérience significative dans le secteur numérique. Son parcours inclut des postes à responsabilité chez Vestiaire Collective et Zalora, une plateforme d'e-commerce asiatique. Depuis 2021, elle dirigeait la Mission French Tech, initiative gouvernementale lancée en 2013 pour soutenir l'écosystème des startups françaises.
Le changement de titre du poste, mettant l'accent sur l'intelligence artificielle, reflète l'importance croissante accordée à ce domaine. De plus, le rattachement de ce portefeuille au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, plutôt qu'à Bercy, souligne une nouvelle orientation stratégique.
Cette nomination intervient dans un contexte d'évolution rapide du secteur technologique français. En 2022, la French Tech a connu un record de levées de fonds avec 13,5 milliards d'euros, plaçant la France au 3ème rang européen en termes d'investissements dans les startups. Cependant, le secteur fait face à de nouveaux défis, notamment un ralentissement des financements et une réorientation vers des startups issues de la recherche fondamentale.
Le gouvernement français poursuit sa politique volontariste en matière d'IA, initiée par le plan Villani en 2018. Cette stratégie vise à favoriser l'émergence de "champions français" dans le domaine de l'IA, comme en témoigne le succès de startups telles que Mistral, LightOn, et Hugging Face. En 2023, la France a lancé un plan d'investissement de 2 milliards d'euros dans l'IA, démontrant son engagement continu dans ce secteur.
Cependant, cette approche n'est pas sans soulever des questions au niveau européen. La France a été critiquée pour son opposition à certains aspects de la régulation de l'IA dans le cadre de l'AI Act, notamment concernant les droits d'auteur. Ces débats soulignent les défis de concilier innovation et régulation dans un domaine en rapide évolution.
La nomination de Clara Chappaz intervient également dans un contexte de changement au niveau européen, avec le départ récent de Thierry Breton de son poste de commissaire européen chargé du marché intérieur et du numérique. Ce changement soulève des interrogations sur l'avenir de la politique numérique européenne.
"Ces derniers mois, l'écosystème tech français s'interrogeait sur l'avenir et s'inquiétait d'un possible recul des sujets numériques dans l'agenda de l'exécutif français, mais aussi au niveau européen"
La nomination de Clara Chappaz semble donc viser à rassurer le secteur tech français et à réaffirmer l'engagement du gouvernement dans ce domaine crucial pour l'innovation et la compétitivité économique du pays.