Dans les couloirs du palais présidentiel à Dakar, Cheikh Oumar Diagne occupe une position influente en tant que directeur des moyens de la présidence. Cet intellectuel musulman, connu pour ses prises de position controversées, se trouve au cœur d'un débat qui agite la société sénégalaise.
Depuis septembre 2024, Diagne fait l'objet de vives critiques de la part des communautés mouride et tidjane, deux importantes confréries soufies au Sénégal. Ces tensions s'inscrivent dans un contexte plus large de l'histoire religieuse du pays, où l'islam, pratiqué par environ 95% de la population, coexiste traditionnellement avec d'autres croyances dans un esprit de tolérance.
Le parcours de Diagne est marqué par plusieurs controverses. En 2022, il a été incarcéré pour diffamation après avoir accusé un député d'être lié à un prétendu "lobby LGBT". En 2024, il a de nouveau été arrêté lors des manifestations contre l'ancien président Macky Sall. C'est durant cette détention qu'il a rencontré l'actuel président Bassirou Diomaye Faye.
Les positions de Diagne sur l'islam et la gouvernance suscitent des réactions mitigées. Il propose notamment la création de tribunaux religieux parallèles aux tribunaux laïcs, une idée qui contraste avec le statut de république laïque du Sénégal, établi depuis son indépendance en 1960.
"Je pense par exemple qu'il faut créer des tribunaux religieux à côté des tribunaux laïcs, afin que chaque citoyen puisse avoir affaire à la justice de son choix."
Cette déclaration soulève des questions sur la séparation entre religion et État, un principe fondamental de la constitution sénégalaise. Elle illustre également les défis auxquels le pays est confronté pour maintenir son équilibre entre tradition religieuse et modernité politique.
L'opposition ne manque pas de critiquer Diagne, l'accusant de tenir des propos "islamistes et réactionnaires". Ces attaques s'inscrivent dans un contexte politique tendu, où le Sénégal, malgré sa réputation de stabilité en Afrique de l'Ouest, connaît des périodes de tensions récurrentes depuis son indépendance.
Face à ces critiques, l'entourage du président Faye et son parti, le Pastef, minimisent l'impact de ces controverses. Cependant, la présence de Diagne au cœur du pouvoir soulève des questions sur l'orientation future de la politique sénégalaise et son équilibre entre tradition et modernité.