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Barrages africains : un défi face au changement climatique

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Les inondations récentes au Nigeria mettent en lumière la vulnérabilité des barrages africains vieillissants. Face au changement climatique, la modernisation de ces infrastructures devient cruciale mais coûteuse.

Les récentes inondations au Nigeria ont mis en évidence la fragilité des infrastructures hydrauliques en Afrique face au changement climatique. Le 12 septembre 2024, la rupture du barrage d'Alau a submergé une partie de Maiduguri, capitale de l'État de Borno, déplaçant plus de 400 000 personnes. Cet événement s'inscrit dans une série d'incidents similaires survenus récemment sur le continent.

Fin août 2024, l'effondrement du barrage d'Arbaat au Soudan a affecté 50 000 personnes, détruisant partiellement ou totalement vingt villages. Ces catastrophes rappellent le drame de Derna en Libye en septembre 2023, où la rupture de deux barrages a causé la mort de 6 000 personnes.

Ces incidents soulèvent des questions sur la sécurité des barrages africains. Micha Werner, professeur à l'institut IHE de Delft, explique :

Les risques de rupture d'un barrage sont généralement minimes, mais en Afrique, de nombreux ouvrages ont plus de cinquante ans

Ces infrastructures vieillissantes ont été conçues pour un climat qui a évolué, avec des épisodes de pluies plus intenses et fréquents. Le manque de données actualisées et de ressources pour l'entretien aggrave la situation.

Face à ces défis, des initiatives émergent. L'Association internationale de l'hydroélectricité a publié en 2019 un guide pour l'adaptation au changement climatique. La Banque africaine de développement (BAD) a lancé en juin 2023 un programme de modernisation des centrales hydroélectriques, ciblant 87 unités de plus de trente ans.

Le Ghana a été pionnier en évaluant ses infrastructures face au changement climatique en 2022. Cette étude a révélé que cinq de ses trente-quatre barrages étaient menacés, dont celui de Weija, crucial pour l'approvisionnement en eau d'Accra.

Cependant, la modernisation et la sécurisation des barrages représentent un coût considérable pour les pays africains. Yves Giraud, ancien directeur d'EDF Hydro, souligne que ces travaux sont souvent hors de portée financière pour de nombreux pays.

Cette situation illustre comment le changement climatique pèse déjà lourdement sur le développement des nations les plus vulnérables. Alors que l'Afrique ne contribue qu'à 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle subit de plein fouet les conséquences du réchauffement, avec des températures augmentant 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale.

La modernisation des barrages africains apparaît donc comme un défi majeur, nécessitant une coopération internationale accrue et des investissements substantiels pour garantir la sécurité des populations et l'approvisionnement en eau et en énergie du continent.

Nicolette Mathieu

Économie